Publié par Florence Comès le 6 juillet 2023

La machine de propagande soviétique était constituée d’organisations et d’individus reliés entre eux. Ils en constituaient ses rouages.

Tous n’étaient pas d’obédience communiste, loin de là. Certains étaient même de droite. Mais tous participaient activement à la désinformation et à la subversion du monde libre. Par infiltration, idéologie, opportunisme ou naïveté, ils ont transmis les directives du Politburo (1) et les ont délivrées à l’homme de la rue occidental. Le mécanisme était simple, mais redoutable. Le voici en détail. 

I. La machine centrale 

A. Le département international du Comité Central du PCUS (2) 

Tête de la machine subversive, le département international (3) supervisait  : 

  • Les partis communistes des pays non socialistes (dont évidemment le Parti Communiste Français), que ce soit leur structure légale ou illégale ; 
  •  Les médias soviétiques comme les agences Tass et Novosti, la Pravda, Radio Moscou, etc ; 
  • Le ministère des Affaires étrangères soviétique ; 
  • Le 1er Directorat Service A du KGB, spécialiste des mesures actives (4) ; 
  • Les organisations façades ;

B. Les organisations façades 

Ces groupes jouaient un rôle capital dans la propagande communiste. Fondés par des Soviétiques ou des professionnels formés par eux, ils cachaient leur assujettissement au dogme socialiste.

Les idéaux mis en avant par ces organisations, comme la démocratie ou la paix, étaient largement partagés au niveau mondial, voire universels. Cela permettait d’attirer des militants de toutes convictions, naïfs et sensibles à ces sujets.

Loin de cette apparente pluralité de la « façade », les dirigeants étaient tous agents communistes et transmettaient les mots d’ordre soviétiques. Ces associations ciblaient en outre des groupes précis de membres de la société civile mondiale (5). Qu’on en juge avec la liste des principales :

  • Le Conseil mondial de la Paix 
  • La Fédération syndicale mondiale 
  • L’Organisation de Solidarité des Peuples afro-asiatiques 
  • La Fédération mondiale de la Jeunesse démocratique 
  • L’Union internationales des Étudiants 
  • L’Institut international de la Paix 
  • L’Organisation internationale des Journalistes 
  • La Fédération internationale démocratique des Femmes 
  • La Conférence chrétienne pour la Paix 
  • La Fédération internationale des Avocats démocrates 
  • La Conférence asiatique et bouddhiste pour la Paix 
  • L’Organisation de Solidarité des Peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique (la Tricontinentale) 
  • La Fédération mondiale des Travailleurs scientifiques 

Une fois créés, elles essaimaient dans les différents pays où se formaient des antennes locales. Elles diffusaient alors la propagande à l’aide de congrès, séminaires, conférences, manifestations ou prises de position relayées par les médias. 

II. Les sous-machines 

Ces organisations façades principales avaient un inconvénient : toute personne un peu informée savait qu’elles étaient une émanation de l’URSS. De même, les agences Tass ou Radio Moscou ne pouvaient cacher leur allégeance. La portée de leur influence était donc limitée en Occident.
Pour pallier ce défaut, le système propagandiste soviétique a crée les sous-machines. Leur but était de diffuser la propagande de l’URSS à l’ensemble du tissu social, tout en cachant son origine. Elles se divisaient en plusieurs types : 

  • Les organisations créées de novo par un agent soviétique occidental sans lien apparent avec le communisme.
    Par exemple, dans un pays donné, on peut fonder une Union des Femmes chrétiennes (ou autres) pour la Paix (ou autre). Ce groupe permet de relayer la désinformation des principales organisations façades, comme le Conseil Mondial de la Paix, auprès des femmes, des chrétiens et des pacifistes. L’important est qu’aucun membre important de ce nouveau groupe n’ait de lien connu avec l’idéologie bolchévique. 
  • Les organisations noyautées grâce à l’entrisme
    Les cibles sont des groupes non communistes constitués et reconnus. Il s’agit d’y infiltrer des agents entraînés afin de les influencer dans le sens soviétique, voire d’en prendre le contrôle par la ruse.
    Cette manœuvre présentait un autre intérêt : l’élimination de facto des opinions non conformes aux intérêts de l’URSS. Une fois l’organisation prise en main, elle se comportera presque comme une association pro-soviétique et renforcera l’hégémonie communiste.  
  • Les organisations du lobby révolutionnaire (6)
    Il s’agissait d’une myriade d’associations, parfois composées de moins de 5 militants actifs. Elles se revendiquaient parfois révolutionnaires ou marxistes-léninistes, mais étaient souvent antisoviétiques. Malgré cela, elles jouaient un rôle primordial en « prolongeant, diversifiant et relayant les doctrines et les manœuvres de puissances internationales… » (7), dont la soviétique. 

III. Le fonctionnement 

Le secrétaire général (1), vrai dirigeant de l’URSS, décidait avec les autres membres du Politburo des grands traits de la désinformation/subversion nécessaire aux buts politiques du pays. Il transmettait alors ses ordres au département international du Comité Central (2).

Celui-ci relayait la propagande aux structures citées plus haut . La voie privilégiée était celle des organisations façades, plus discrètes et d’apparence apolitique. Celles-ci commençaient leur travail et répandaient la désinformation auprès de la presse et d’individus ou groupes réceptifs.

Ces derniers constituaient un premier niveau de sous-machines. Ils inondaient à leur tour ONG, Églises, Universités, syndicats, médias… et ceux-ci prolongeaient cette chaîne localement ou internationalement. Par diffusion, l’ensemble du public occidental (voire mondial) était atteint, y compris les gouvernants et des instances comme l’ONU.

La présence de complices, conscients ou non, répartis dans les médias, gouvernements, Universités, Églises ou autres facilitaient cette manœuvre. Qu’on songe par exemple à l’impact d’un directeur de collection agent d’influence soviétique (8). Il pouvait refuser les manuscrits qu’il recevait s’ils n’étaient pas conformes aux intérêts de l’URSS. A contrario, il acceptait et promouvait ceux qui l’étaient. De même s’il s’agissait d’un producteur, d’un rédacteur en chef…

Bien sûr, la construction de cette machine a pris du temps. Mais son efficacité a amplement compensé cet inconvénient. À la chute du bloc soviétique, les thèses communistes imprégnaient tout l’Occident. Le paradoxe est que ceux qui les propageaient détestaient souvent l’URSS. C’est la plus remarquable victoire de la méthode des relais par sous-machines. Comme le remarquait Jacques Vindex (7), plus l’image de l’Union soviétique se dégradait, plus sa propagande triomphait (9). 

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Florence Comès pour Dreuz.info

Notes :

  1. Politburo : organe suprême du Comité Central du Parti Communiste de l’Union Soviétique (PCUS) qui déterminait les lignes directrices du Parti et les politiques de l’URSS. Ses activités étaient coordonnées par le Secrétaire Général qui fut tour à tour Staline, Khrouchtchev, Brejnev, Andropov, Tchernenko et Gorbatchev. 
  2. Comité central : plus haute instance du Comité Central du Parti Communiste de l’Union Soviétique (PCUS). Il était élu tous les 5 ans et dirigeait toutes les activités  
  3. Département international : Une des 3 subdivisions du Département des Affaires Étrangères du Politburo.  
  4. Mesures actives : techniques visant à faire agir l’ennemi comme le veulent les manipulateurs. 
  5. Jacques Ellul dans « Propagandes » (Économica) ou Roger Mucchielli dans « La Subversion » (clc) insistent sur l’intérêt pour les propagandistes d’agir sur des groupes homogènes, définis par des critères d’âge, de sexe, de race, de religion, de culture, de profession…  
  6. Ces groupes, primordiaux pour la stratégie soviétique, seront le sujet d’un autre article. 
  7. Jacques Vindex dans « Les Onagres » (L’Âge d’Homme) 
  8. Voir pour cet exemple le roman de Vladimir Volkoff, « Le montage » (Julliard L’Âge d’Homme) 

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