Publié par Thierry Martin le 20 juillet 2023

Le gouvernement britannique a annoncé la signature dimanche en Nouvelle-Zélande de son adhésion au partenariat de libre-échange transpacifique (CPTPP), son accord commercial le plus important depuis le Brexit.

Le Royaume-Uni est le premier pays libre sorti de l’Union Européenne à rejoindre le CPTPP, qui comptera ainsi 12 pays pour un PIB (Produit intérieur brut) de 12.000 milliards de livres sterling (14.000 milliards d’euros), selon un communiqué du ministère britannique du Commerce qui n’a pas beaucoup été commenté en France.

Comprehensive and Progressive Agreement for Trans-Pacific Partnership (CPTPP) ou en français le Partenariat transpacifique global et progressif (PTPGP) regroupe 500 millions d’habitants et 15% du PIB mondial avec le Royaume-Uni. Malgré le départ des Etats-Unis, du fait des efforts diplomatiques de certains pays notamment le Japon et la Nouvelle-Zélande, l’accord avait été réalisé avec l’Australie, Brunei, le Canada, le Chili, la Malaisie, le Mexique, le Pérou, Singapour et le Vietnam dès 2018.  Des pays comme la Chine, la Corée du Sud et Taïwan ont aussi manifesté le souhait de rejoindre l’accord de partenariat.

De quoi troubler la joie mauvaise – Schadenfreude comme disent les Allemands – des journalistes français qui se gargarisent de la moindre difficulté rencontré par le processus du Brexit. Le Brexit de l’Angleterre doit rester le mauvais exemple pour des européens toujours enfermés dans l’UE, comme à l’époque soviétique où l’on disait à Moscou qu’on vivait plus mal en Amérique qu’au pays du goulag. Encore dernièrement l’AFP se fendait d’une dépêche qui fut reprise telle quelle par des dizaines de titres de presse, relatant le soi-disant échec du Brexit ressenti jusqu’à Grimsby, port du Nord-Est de l’Angleterre où 70% des gens avaient voté pour le Leave. Mais malgré son titre « après le Brexit, déception et colère à Grimsby, ville de pêche en déclin » et ces intertitres « disparition de la flotte », « amers », l’article ne peut pas aller à l’encontre de la réalité de Grimsby, ville portuaire anglaise, qui ne se porte pas si mal que ça depuis le Brexit que ses habitants ont massivement choisi. Même si comme le disent à la fois l’ancien Premier ministre Boris Johnson et Nigel Farage, le Brexit doit être accompli jusqu’au bout.[1]

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Richard Cobden : « le libre-échange est la diplomatie de Dieu »

Revenons un instant sur le discours de Boris Johnson du 2 février 2020 au Greenwich Royal Naval College. Appelant à lever les yeux au ciel, il lance : « Le Vatican a Michel-Ange, Greenwich a Thornhill, qui nous a laissé cette scène symbolique et un peu folle qui saisit l’esprit du Royaume-Uni au début du XVIIIe siècle. » Ces temps d’optimisme et d’expansion commerciale mondiale symbolisés par ces ancres, gouvernails ou sextants autour de nous, invitent à « repartir à zéro, et retrouver l’esprit de ces ancêtres marins, dont les exploits ont apporté non seulement des richesses, mais une perspective globale ». C’est sous l’égide des souverains William et Mary, qui trônent au centre de la fresque, que parle le Premier ministre. Le couple régnant à partir de 1689 symbolise l’explosion du commerce mondialisé, propulsé par une nouvelle technologie navale, sans oublier la main invisible d’Adam Smith et le principe d’avantage comparatif de David Ricardo, qui enseigne que si les pays apprennent à se spécialiser et à échanger, la richesse globale et la productivité augmenteront, concluant avec Richard Cobden que « le libre-échange est la diplomatie de Dieu – la seule façon sûre d’unir les gens dans la paix ; plus les marchandises traversent librement les frontières, moins les armées les franchissent. »

« Je ne vois aucun besoin de nous contraindre à un accord avec l’Union européenne, précise-t-il. Nous allons restaurer notre pleine souveraineté sur nos frontières, l’immigration, la concurrence, les règles encadrant les subventions, les approvisionnements, la protection des données. »[2]


À la différence des Français, les Anglais n’ont pas peur du libre-échange. Souvenons-nous par exemple de Robert Peel ce premier ministre du Royaume Uni (1841 à 1846), certes conservateur, qui décide de pratiquer une politique unilatérale de libre-échange. Robert Peel propose de régler les tarifs anglais selon leurs intérêts et cela permettra de mettre les produits du monde à la portée des consommateurs anglais.

Contrairement à ce que pensent certains, le Brexit n’est pas un repli nationaliste frileux, mais au contraire la volonté de s’ouvrir sur le monde. Ayant retrouvé des marges de manœuvre, débarrassées du carcan administratif du régime de Bruxelles, la Grande-Bretagne peut enfin développer sa stratégie propre : la Global Britain.
Le problème que représente l’UE est sa tendance protectionniste qui renchérit ce qu’achètent les européens. Les fonctionnaires de l’UE ne croient pas à la liberté du marché, à l’ordre spontané, au libre-échange, mais sont de farouches défenseurs du marché arrangé qui n’a de marché que le nom, enfermé dans un protectionnisme mortifère qui nous mène forcément dans le mur.

Depuis sa libération effective de l’Union européenne (UE) et du marché unique européen au 1er janvier 2021, le Royaume-Uni noue des accords commerciaux tous azimuts afin de doper son commerce international. Londres a notamment conclu des traités commerciaux avec l’UE (entré en vigueur le 1 mai 2021) et d’autres Etats européens, mais aussi avec des pays plus lointains comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou Singapour. Des discussions sont en cours avec l’Inde ou le Canada.

En revanche, l’accord tant espéré avec les Etats-Unis se fait attendre, Kemi Badenoch reconnaissant que les chances d’y parvenir sont “très faibles”. “Les Etats-Unis ne concluent aucun accord de libre-échange avec aucun pays”, mais “tout dépend de l’administration” américaine, a poursuivi la ministre sur Sky News.

“Le Royaume-Uni regarde vers l’extérieur”

L’adhésion signée, il faudra encore que le parlement britannique la ratifie. La ministre britannique du Commerce, Kemi Badenoch, a mis en avant les “milliards de livres sterling d’échanges supplémentaires” pour les entreprises britanniques.

Sur la chaîne Sky News la ministre britannique du Commerce, Kemi Badenoch a rappelé que l’adhésion de Londres au CPTPP prouvait que le Royaume-Uni n’était pas isolé. “Le Royaume-Uni regarde vers l’extérieur” a-t-elle affirmé. “Nous avons un siège dans la région du monde qui a la croissance la plus rapide”, s’est-elle réjouie.

Lors de l’annonce fin mars de l’accord pour rejoindre le CPTPP, le gouvernement britannique avait mis en avant le fait que l’apport pour l’économie britannique atteindrait 1,8 milliard de livres sterling (2,45 milliards d’euros). Dans un document publié en juin 2021, l’exécutif estimait les retombées à 0,08% de son PIB.

Là où les défenseurs du Brexit soulignent que celui-ci permet à Londres de conclure des accords de libre-échange de manière indépendante, ses détracteurs objectent que le Royaume-Uni peinera à compenser les dégâts issus de la sortie de l’Union européenne.

David Livingstone : la City « n’a pas été réduite » par le Brexit

Le Brexit n’a pas nui à la City de Londres, a déclaré un haut responsable de Wall Street, malgré les craintes que quitter le « bloc » (l’UE) déclenche un exode des banquiers et des entreprises de Square Mile.

David Livingstone, directeur général de Citigroup pour l’Europe, le Proche-Orient et l’Afrique, a déclaré à The Telegraph que la dimension de la City « n’a pas été réduite » par le Brexit, ajoutant que les efforts déployés par Bruxelles pour créer un centre financier rival de Londres n’ont jusqu’à présent pas donné de résultats significatifs.

L’attrait de la Grande-Bretagne pour les banques internationales réside dans son État de droit fort, sa langue commune, sa situation géographique, la qualité de l’éducation et la qualité de vie, et « rien de tout cela n’a été diminué par le Brexit », a déclaré M. Livingstone. « Pour moi, il est absolument certain que le Royaume-Uni conservera ces caractéristiques et demeurera donc l’endroit où se trouve notre siège social. »

Les dirigeants financiers avaient averti avant le référendum de 2016 que le Brexit entraînerait la perte de 232 000 emplois à la City. Mais aucun exode massif ne s’est matérialisé. Livingstone a précisé que Citigroup avait déplacé « quelques centaines de postes » de Londres depuis que la Grande-Bretagne a quitté l’UE, en grande partie en raison des exigences réglementaires, « mais pas plus ». Il a ajouté : « Je continue de penser qu’il est important que le Royaume-Uni se concentre sur sa compétitivité et ne se contente pas de se reposer sur les lauriers de ces caractéristiques, qui sont évidemment permanentes. »


[1] Grimsby or not Grimsby, ce n’est pas le requin gonflable ni les « Harry Haddocks » mais le Brexit qui obsède l’AFP (dreuz.info)

[2] Cité dans Amazon.fr – BoJo, un punk au 10 Downing Street: Global Britain : Boris Johnson, le Brexit, et l’après – Martin, T. A., Martin, Thierry – Livres

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Thierry Martin pour Dreuz.info.

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