
Il m’est arrivé de penser que l’administration Biden était destructrice sur tous les plans, mais avait, à la rigueur, une seule qualité : elle aidait l’Ukraine à survivre face à l’agression menée par le dictateur criminel russe, et elle entendait lui donner les moyens de gagner.
Je dois dire que je ne lui reconnais plus cette qualité. Elle aide effectivement l’Ukraine à survivre, mais elle le fait d’une telle façon qu’elle inflige à l’Ukraine et à son peuple des souffrances inutiles. Et elle ne donne pas vraiment à l’Ukraine les moyens de gagner.
L’administration Biden était prête à abandonner l’Ukraine à Poutine, et elle lui a donné quasiment un feu vert au moment où il a décidé d’envahir l’Ukraine. Je l’ai dit à l’époque et je le redis : l’administration Biden aurait pu laisser en Ukraine des soldats américains qui y étaient présents pour entrainer les soldats ukrainiens et ne pas les retirer au début du mois de février 2022. Poutine n’aurait pas pris le risque de tuer des soldats américains et aurait reculé. L’administration Biden ne lui a donné aucune raison de reculer. L’administration Biden aurait pu dire à Poutine que toutes les options étaient envisageables s’il envahissait l’Ukraine. Il n’est pas certain qu’après la débâcle constituée par le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, organisée par l’administration Biden, Poutine aurait reculé, mais cela aurait été une possibilité. Joe Biden aurait pu éviter de lire sur un prompteur un discours disant qu’une “petite incursion de l’armée russe en Ukraine ne serait pas très grave”, moins d’une semaine avant l’invasion. Prononcer ces mots était presque inciter à l’invasion.
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L’administration Biden s’attendait sans doute, comme Poutine lui-même, à ce que l’invasion se termine vite, par la victoire de la Russie, et l’administration Biden a vite proposé à Volodymyr Zelensky de quitter le pays, ce qu’il a refusé.
C’est seulement lorsqu’il est apparu que l’armée russe échouait, que Volodymyr Zelensky et l’armée ukrainienne résistaient, et que l’opinion dans tout le monde occidental prenait fait et cause pour l’Ukraine agressée, que l’administration Biden a décidé d’aider militairement l’Ukraine et de pousser les pays de l’OTAN à le suivre. Mais tout en tenant des discours appelant au soutien de l’Ukraine, l’administration Biden tenait aussi des propos pusillanimes et disait qu’il fallait faire très attention de ne pas provoquer une guerre mondiale ou une attaque nucléaire russe, et tout en consacrant des milliards à l’aide militaire apportée à l’Ukraine, l’administration Biden a livré les armes qu’elle a livré avec réticence et avec retard. Il aurait été possible à l’administration Biden de livrer des HIMARS dès le mois de mars ou le mois d’avril 2022. Les HIMARS n’ont été livrés que trois mois plus tard, et les HIMARS livrés avaient été bridés de façon à ce qu’ils ne puissent tirer à plus de cent kilomètres, ce qui a donné à la Russie la possibilité d’installer des bases logistiques à cent cinq ou cent dix kilomètres du front. Des HIMARS tirant à trois cent kilomètres auraient permis des avancées de l’armée ukrainienne plus nettes et plus importantes dès l’été 2022. Les avancées de l’Ukraine qui, à l’automne 2022, lui ont permis de libérer Kherson et des centaines de kilomètres carrés à l’Est de Kharkiv ont été essentiellement dues au génie stratégique de Valery Zaluzhny, le général en chef de l’armée ukrainienne.
Dès l’automne 2022, Zaluzhny a dit qu’il aurait besoin pour mener une contre-offensive efficace d’ATACMS, qui permettent de tirer avec précision à plus de trois cent kilomètres, d’avions F16, et de chars Abrams. A ce jour, l’Ukraine n’a toujours pas d’ATACMS, de F16 et de chars Abrams. Les pays européens ont donné à l’Ukraine des chars allemands Léopard, mais après de longues hésitations du gouvernement allemand. Le Royaume Uni a donné des StormShadow qui tirent aussi loin que les ATACMS mais doivent être tirés depuis des avions, et faute de F16 l’Ukraine a peu d’avions. La formation de soldats ukrainiens a été plus longue que prévu, et l’Ukraine n’a pu enclencher une contre-offensive qu’il y a un mois. Parce qu’elle n’a pas les armes dont elle aurait besoin pour être pleinement efficace, l’armée ukrainienne doit procéder avec prudence, chercher la faille dans la défense russe, et sa tâche est rendue bien plus difficile par le fait que l’armée russe a eu neuf mois pour mettre en place des installations défensives et pour disséminer des milliers de mines sur les terres d’Ukraine qu’elle occupe. L’armée ukrainienne avance, mais lentement, et elle perd des centaines d’hommes : cela par la faute de l’administration Biden. Et, comme l’ont remarqué plusieurs généraux américains qui commentent les opérations en cours, personne au sein de l’administration Biden ne dit vouloir la victoire de l’Ukraine. Strictement personne ! L’administration Biden vient d’accepter de livrer à l’Ukraine des bombes à fragmentation (cluster bombs), qui seront utiles à l’armée ukrainienne, mais bien moins utiles que les ATACMS, les F 16 et les chars Abrams, qui manquent toujours.
L’explication de l’attitude de l’administration Biden est simple et a été donnée par les généraux américains susdits : l’administration Biden voudrait une solution négociée, et ne souhaite pas la pleine défaite de Poutine. Et elle veut que la guerre dure.
Ce qui explique qu’elle veut une solution négociée est qu’elle veut toujours et encore passer un accord avec le régime des mollahs et donner à celui-ci le statut de puissance hégémonique au Proche-Orient. Or, le régime des mollahs est un allié de Poutine, et lui vend des drones et des missiles, ce qui rapporte de l’argent au régime des mollahs. L’administration Biden sait qu’une pleine défaite de Poutine priverait le régime des mollahs d’une source importante de revenus. Elle sait aussi que Poutine fournit au régime des mollahs tout ce qui lui permet de se doter d’armes atomiques. Elle sait qu’une défaite de Poutine priverait le régime des mollahs de ce que Poutine lui fournit. L’administration Biden ne veut surtout pas priver le régime des mollahs d’une source importante de revenus et de ce qui lui permet de se doter d’armes atomiques, sans quoi, tout espoir d’accord avec le régime des mollahs disparaitrait. Pour espérer signer un accord avec le régime des mollahs, l’administration Biden a levé quasiment toutes les sanctions qui le frappaient, ce qui a permis aux mollahs de voir arriver dans leurs caisses des milliards de dollars.
Ce qui apparait dans ce que je viens d’écrire est qu’en acceptant sans mot dire que le régime des mollahs vende des armes à Poutine, l’administration Biden accepte que Poutine dispose de davantage d’armes pour attaquer l’Ukraine et pour tenter de conserver les territoires d’Ukraine que l’armée russe occupe. C’est d’une perfidie répugnante, et cela signifie qu’en supplément du fait que l’administration Biden ne donne pas à l’Ukraine tous les moyens pour gagner vite, l’administration Biden de facto, aide la Russie à continuer à attaquer l’Ukraine et à résister à la contre-offensive ukrainienne !
Je pourrais ajouter qu’en acceptant que Poutine fournisse au régime des mollahs les moyens de se doter d’armes nucléaires, et en ayant levé quasiment toutes les sanctions qui frappaient le régime des mollahs, l’administration Biden nuit très gravement à Israël, qui ne veut absolument pas que le régime des mollahs, qui a des buts génocidaires anti-israéliens, dispose d’armes atomiques. Israël sait aussi que l’argent reçu par l’Iran sert à financer les organisations terroristes “palestiniennes”. L’administration Biden, tout en se disant “amie d’Israël”, porte atteinte à la sécurité d’Israël ! L’administration Biden porte aussi atteinte à la sécurité de l’Arabie Saoudite, de l’Egypte et des Emirats du Golfe, pour qui le régime des mollahs est l’ennemi principal. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre le fait que l’Arabie Saoudite et les émirats se rapprochent de la Chine et passent sous son égide des accords avec le régime des mollahs. Il s’agit pour eux de compter sur la Chine pour modérer les ardeurs haineuses des mollahs. C’est aussi dans ce cadre qu’il faut comprendre la récente visite de Binyamin Netanyahou en Chine. Obama voulait que l’Iran des mollahs devienne la puissance hégémonique au Proche-Orient et que les Frères Musulmans prennent le pouvoir dans le monde arabe (c’était le but de ce qui a été appelé faussement printemps arabe : le printemps arabe était en réalité un hiver islamique conçu à la Maison Blanche). L’administration Biden reprend le projet d’Obama concernant l’Iran, et oblige les pays arabes sunnites à se montrer conciliants avec le régime des mollahs.
En voulant que la guerre en Ukraine dure, l’administration Biden veut contraindre Zelensky à se montrer conciliant avec la Russie, et finisse par accepter une solution négociée qui impliquerait que l’Ukraine cède un fragment de son territoire, voire plusieurs, à Poutine. Certains dirigeants européens sont favorables eux aussi à la perspective d’une solution négociée. La Chine elle-même est favorable à une solution négociée et tient à ce que Vladimir Poutine reste en place : la Russie, très affaiblie, dépend de plus en plus de la Chine, et Xi Jinping sait qu’une Russie stable, sous Poutine, lui serait soumise, et qu’une victoire nette de l’Ukraine pourrait ébranler Poutine bien davantage encore que la mutinerie menée par Evgueni Prigogine (Poutine, ce doit être souligné, est très affaibli, et je reviendrai sur ce point, ainsi que sur l’état réel de la Russie).
Une solution négociée impliquant que l’Ukraine cède un ou plusieurs fragments de son territoire à Poutine serait l’assurance que l’Ukraine ne pourrait pas se reconstruire, et que l’Europe resterait déstabilisée. Aux Etats-Unis, l’alternative à Biden sera sans doute Donald Trump, et celui-ci tient en ce moment des discours qui semblent favorables à une solution négociée, ce que je trouve consternant, et ce qui, à mes yeux, n’est pas conforme à la doctrine “paix par la puissance” que Trump a adoptée en 2016. Je soutiendrai quand même Trump, car l’administration Biden est une abomination, mais pour la première fois, Trump suscite mes réserves. Un courant isolationniste gagne du terrain chez les Républicains, et s’il se renforce, ce courant représentera un danger pour la paix mondiale. A chaque fois que les Etats-Unis sont devenus isolationnistes, des dictateurs criminels en ont tiré avantage.
Un sommet de l’OTAN va se tenir à Vilnius. La guerre menée contre l’Ukraine par Poutine et le soutien à l’Ukraine seront au programme. La Pologne, les pays baltes, la République tchèque, l’Italie, la Finlande, le Royaume Uni, et peut être la France, demanderont que l’Ukraine reçoive enfin les moyens d’une victoire nette et soutiendront l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN dès la fin de la guerre. La décision sur ces deux points dépendra de l’administration Biden. On verra très vite si l’administration Biden veut la victoire nette de l’Ukraine et l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Pour l’heure, l’administration Biden semble très hésitante. C’est lamentable, mais c’est l’administration Biden !
Et dois-je le répéter ? Vladimir Poutine est un criminel de guerre et un criminel contre l’humanité. Envisager de négocier avec lui, malgré ses crimes, ressemblerait à l’attitude de Daladier et Chamberlain à Munich en 1938. On sait, hélas, ce qui a suivi la rencontre de Munich en 1938. Le monde occidental est-il encore capable de se hisser à la hauteur des valeurs qui ont fait sa grandeur ? Existe-t-il encore un monde qu’on puisse appeler monde libre ? On va le savoir bientôt.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
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Bonjour Mr Millière,
Pourriez-vous me dire quel intérêt réel pour l’administration Obama, puis Biden à une hégémonie de l’Iran sur le Moyen-Orient ? Merci.
Les démocrates, en bons communistes, aiment les dictatures et la pax romana. Ils voulaient que le monde musulman soit tenu par des dictateurs, les frères musulmans dans les pays sunnites, l’Iran des mollahs dans les pays chiites.
En bons communistes, ils sont aveuglés par leur idéologie imbécile, et ils n’ont pas pris la peine de se renseigner. Morsi a été renversé très vite, et les pays qui sont sous la coupe de l’Iran des mollahs ne le sont pas par loyauté, loin s’en faut, ce qui veut dire qu’ils essaieront de se libérer de leur joug dès qu’ils le pourront (peuple iranien compris).
Sous Obama, l’objectif était que le monde musulman soit régi par une puissance islamiste: l’administration Obama pensait que les peuples musulmans voulaient être gouvernes par des gens adhérant pleinement à l’islam strict, et étaient frustrés que des gens de ce genre ne soient pas au pouvoir. Ils voulaient donc satisfaire les peuples musulmans et pensaient que le monde se porterait mieux et qu’il n’y aurait plus de terrorisme. C’est aussi pour cela que l’administration Obama voulait que les Frères Musulmans prennent le pouvoir dans le monde sunnite. Les personnes qui gèrent ces dossiers dans l’administration Biden sont les mêmes que sous Obama et poursuivent les mêmes objectifs. Leurs idées sont délirantes et dangereuses pour Israel et la paix. ce sont des idées de gauche.
Je comprends, merci beaucoup.
Biden a répondu à votre question : il ne veut pas de l’Ukraine dans l’OTAN.
bonjour Monsieur Millière
je lis toujours avec intérêt vos articles ou écoute vos vidéos
à propos du conflit russo ukrainien pensez-vous que finalement Poutine restera en place les américains n’étant pas motivés pour s’engager frontalement avec la Russie ?
en revanche la fourniture d’armes de toutes natures continuera pendant longtemps en attendant une reddition de Zelinsky ?
Ce qui arrivera à Poutine dépendra de l’issue de la guerre. Une défaite claire et nette de la Russie pourrait conduire à la chute de Poutine. L’administration Biden préférerait visiblement une solution négociée permettant le maintien au pouvoir d’un Poutine affaibli. L’Ukraine, appuyée par la Pologne, les pays baltes, la Finlande et le Royaume Uni veut une défaite claire et nette de la Russie. La fourniture d’armes à l’Ukraine continuera aussi longtemps que nécessaire. Quelle que soit leur position sur la défaite de la Russie, aucun pays occidental n’acceptera autre chose que la défaite de la Russie. Et il n’y aura jamais de reddition de Volodymyr Zelensky.
Autre point de vue:
L’Europe est la grande perdante et l’Ukraine a déjà perdu la guerre.
Anticipant la défaite ukrainienne, Israël se tourne vers Moscou et Pékin Plus d’un mois après le début de la “contre-offensive” ukrainienne, l’échec est patent. Bien entendu, la fiction doit, des côtés ukrainien et occidental être entretenue, afin de ne pas gâcher le sommet de l’OTAN à Vilnius les 11 et 12 juillet prochain. Cependant, observer l’évolution diplomatique rapide d’Israël, nous permet de mesurer l’ampleur du glissement qui est en train de se produire dans les équilibres mondiaux sous l’effet de la guerre d’Ukraine. Quand on lit en détail le papier du Washington Post, on voit un curieux mélange de fiction (des propos prêtés au Général Zaloujni,) ; de vœux pieux (l’adhésion à l’objectif ukrainien d’être en mesure de négocier en position de force à l’automne) ; et d’inquiétude (sur l’absence d’avancées de l’armée ukrainienne depuis un mois). La réalité : l’échec terrible de la contre-offensive ukrainienne
A l’opposé du tableau lénifiant proposé par le journal américain, voici un bilan cru paru sur infobrics sous la plume de Drago Bosnic :
“Le 21 juin, les pertes des forces du régime de Kiev étaient stupéfiantes : environ 13 000 militaires, 246 chars (dont 13 blindés lourds de l’OTAN), 595 véhicules blindés de combat (AFV), 279 canons d’artillerie et mortiers (48 envoyés par l’OTAN), 42 systèmes de roquettes à lancement multiple (MLRS), deux systèmes de missiles SAM (sol-air), 14 avions (y compris des hélicoptères), 264 drones et 424 véhicules. Depuis lors, les pertes semblent avoir augmenté de façon spectaculaire, bien que des chiffres précis n’aient pas encore été publiés. Comme le décrit le quotidien allemand Handelsblatt, “il ne s’agit pas d’une contre-offensive : “Ce n’est pas une contre-offensive. C’est un crash test sanglant”.
Malgré cela, [Kiev] continue d’envoyer les Ukrainiens vers une mort certaine (ou des blessures atroces, dans le meilleur des cas). Le 24 juin, des opérations offensives ont été lancées dans les régions (oblasts) de Zaporozhye et de Donetsk, mais elles ont échoué, bien que le régime de Kiev ait affirmé qu’il y avait eu des “progrès dans toutes les directions”. Des vidéos montrent que pratiquement toutes les unités d’assaut engagées dans les opérations offensives ont été détruites ou endommagées au point d’être irréparables, tandis que les drones kamikazes russes ont neutralisé leur soutien d’artillerie, composé principalement d’obusiers M777 de fabrication américaine.
Le lendemain, les forces [ukrainiennes] ont perdu plus de 700 soldats et des dizaines de pièces de blindage lourd et de véhicules de soutien plus légers. Lors d’une attaque ratée, la 47e brigade des forces du régime de Kiev s’est enlisée dans un champ de mines, ce qui a entraîné des pertes catastrophiques, y compris des blessures mortelles. Les images de guerre montrent qu’il y a des dizaines de soldats gravement blessés et qu’il n’y a pratiquement aucun moyen d’apporter une assistance médicale immédiate ou d’évacuer les blessés. Dans de nombreux cas, les soldats sont tout simplement abandonnés à leur sort.
Comme on pouvait s’y attendre, cette situation a entraîné l’insubordination de nombreux militaires ukrainiens, dont certains refusent ouvertement de suivre les ordres de leurs supérieurs, ce qui renforce encore les affirmations antérieures concernant une mutinerie imminente au sein des forces de la junte néo-nazie. Les rapports sur le champ de bataille suggèrent même que leurs commandants prennent souvent des mesures extrêmes pour s’assurer de leur obéissance. L’une des dernières vidéos montre un officier lançant au moins deux grenades à main sur plusieurs militaires ukrainiens se trouvant dans un bunker parce qu’ils n’ont pas tenu leur position. Vraisemblablement, les soldats ukrainiens (au moins trois d’entre eux) n’ont pas respecté ou ont refusé de respecter l’ordre de leur commandant de tenir la position à laquelle ils étaient assignés.“
Il y a bien entendu, une interrogation majeure – jusque dans les Etats-majors occidentaux – sur la tactique ukrainienne. On a compté jusqu’à douze tentatives ukrainiennes à des endroits différents de la ligne de front . Pourquoi les Ukrainiens ne concentrent-ils pas leur effort ? En réalité, on comprend qu’en dispersant les points d’attaque, ils veulent éviter d’offrir aux forces aériennes et à l’artillerie russe une trop grande concentration de troupes et de matériels. Mais on voit bien du coup l’impossibilité d’un succès de la contre-offensive. L’enjeu du sommet de l’OTAN à Vilnius
Cette incapacité ukrainienne à effectuer une percée viendra, bien entendu, alimenter l’argumentation des pays de l’OTAN qui souhaitent bloquer toute tentative de faire admettre l’Ukraine dans l’Alliance Atlantique. Bien évidemment, l’opposition de plusieurs pays est plus fondamentale : en faisant rentrer le régime de Kiev dans l’Organisation, les Occidentaux se retrouveraient en guerre avec la Russie au nom de l’article 5 du Traité, qui oblige les membres à se porter assistance mutuellement. Le glissement des alliances d’Israël
Benjamin Netanyahou a redit au Wall Street Journal que l’Israël Ukraine ne livrerait pas d’armes à l’Ukraine de peur de voir des armes se retrouver utilisées par le Hezbollah et l’Iran. C’est la raison pour laquelle, en particulier, les Israéliens refusent de livrer des systèmes “Dôme de Fer”, anti-missiles, malgré la pression américaine pour le faire.
Le contexte est éclairé par M.K. Bhadrakumar dans The Cradle :
La semaine dernière, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lâché deux bombes dans le circuit diplomatique, attirant l’attention sur des changements potentiels dans les relations de son pays avec les trois superpuissances – les États-Unis, la Chine et la Russie – et, peut-être, sur une nouvelle dimension majeure de la transformation actuellement en cours dans la politique régionale de l’Asie occidentale à la suite du rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran, négocié par Pékin.
Lundi dernier, les médias israéliens ont rapporté que M. Netanyahou avait reçu une invitation du président chinois Xi Jinping à effectuer une visite d’État en Chine. Le lendemain, le bureau du premier ministre a confirmé la nouvelle et révélé que M. Netanyahu avait également informé une délégation du Congrès américain en visite à Pékin qu’il s’y rendrait. (…)
À première vue, M. Netanyahou prend une douce revanche sur l’administration du président américain Joe Biden, qui a repoussé à plusieurs reprises ses demandes d’invitation à la Maison-Blanche, ce que tout nouveau Premier ministre israélien considère comme sa prérogative au moment d’entrer dans ses nouvelles fonctions. La proximité avec la Maison-Blanche donne de l’assurance au Premier ministre israélien en exercice, ce que Biden savait très bien lorsqu’il a décidé de garder Netanyahu dans la niche du chien.
En fin de compte, Israël reçoit chaque année des milliards d’euros d’aide militaire des États-Unis, dépend fortement du veto américain au Conseil de sécurité des Nations unies, est fortement tributaire des garanties financières américaines et obtient les systèmes d’armement américains les plus avancés à des conditions préférentielles.
Malgré tout, Israël et la Chine entretiennent des relations plus chaleureuses et s’intéressent davantage aux innovations israéliennes, notamment dans les domaines de la technologie médicale, de la robotique, de la technologie alimentaire et de l’intelligence artificielle. Les principales préoccupations de Washington concernent les technologies susceptibles d’avoir des applications civiles et militaires, qui doivent être refusées à la Chine. Mais il faut faire confiance à l’agilité diplomatique de M. Netanyahou pour ne pas devenir un pion dans la guerre froide entre les États-Unis et la Chine. (…)
La deuxième bombe lâchée par M. Netanyahou est son rejet catégorique de tout soutien militaire israélien à l’Ukraine dans sa lutte contre la Russie. (…).
En d’autres termes, si Israël condamne l’opération militaire russe en Ukraine, il a également pris ses distances avec les sanctions occidentales imposées à Moscou – et adopte désormais une position véritablement neutre en refusant d’armer l’Ukraine contre la Russie. Cela devrait plaire au Kremlin au plus haut point. Il est concevable que M. Netanyahou planifie également une visite à Moscou, afin de raviver ses relations personnelles avec Vladimir Poutine. Surtout, Netanyahou voit bien que l’administration Biden n’a plus l’influence nécessaire pour favoriser l’intégration d’Israël dans son voisinage arabe. Les accords d’Abraham sont dans l’impasse. Il suffit de dire qu’Israël serait également parvenu à la conclusion que les États-Unis et l’OTAN sont confrontés à une défaite en Ukraine, ce qui aura un impact sérieux sur la politique de l’Asie occidentale, où les États régionaux sortent déjà de l’orbite de Washington et renforcent leurs liens avec la Russie et la Chine. Le monde devient complexe. Trop complexe pour les Etats-Unis et l’Union Européenne .