Publié par Jean-Patrick Grumberg le 24 août 2023

Donald Trump a jugé qu’il perdait son temps à participer au débat pour la primaire républicaine aux élections présidentielles de 2024, et il a préféré accorder une interview à Tucker Carlson sur X (ex-Twitter). Comme il a eu raison !

J’ai très tôt pensé comme Donald Trump, et pour les mêmes raisons qu’il a invoquées lors du débat, qu’il ne devrait pas participer au débat républicain. Qu’avait Trump à gagner à débattre contre des candidats qui allaient se liguer contre lui et le harceler, alors qu’ils sont si bas dans les sondages ! Eux auraient profité de sa présence, pas lui.

Si vous regardez les derniers sondages du 10 au 21 août, vous comprenez tout de suite ce que je veux dire. Donald Trump, dans la moyenne des sondages compilée par RCP, est à 55.4 %, et aucun candidat sauf un, arrive à un score à deux chiffres :

De plus, son absence au débat qui se tenait sur Fox News est une excellente réponse du berger à la bergère, tant pour Trump que pour Tucker Carlson. Je m’explique :

  • Fox New, dont les fils du fondateur, qui dirigent désormais la chaîne – certains sont Démocrates – n’aiment pas Donald Trump, le lui ont clairement fait comprendre et le boudent.
  • Tucker Carlson, l’un des trois derniers commentateurs politiques vedettes de la chaîne, a été limogé de la chaîne du jour au lendemain – littéralement.
  • C’est un joli pied de nez à la chaîne qui il n’y a pas si longtemps, dominait de loin le paysage audiovisuel américain.

Un score historique

  • Au moment de commencer la rédaction de cet article, 92 millions de personnes avaient regardé l’interview de Donald Trump, le chiffre est maintenant à 112 millions, et il ne cesse de monter. Je ferais un dernier point au moment de publier cet article.
  • Le nombre exact de personnes qui ont regardé le débat républicain sur Fox News est estimé à environ 10 millions de téléspectateurs (les chiffres exacts seront publiés par Fox News d’ici un jour ou deux)
  • Ce chiffre est très nettement inférieur au record de 24 millions qui ont regardé le premier débat républicain en août 2015 – avec Donald Trump.

Une interview sans surprise

Donald Trump était très détendu et calme – je le précise, parce qu’avec quatre actes d’accusation contre lui, 40 millions de dollars déjà dépensés en frais d’avocats, et la menace de prison qui pèse sur lui, qui d’autre pourrait rester décontracté comme il l’a été ?

Globalement, l’interview m’a déçu, non pas à cause de Donald Trump, mais de Tucker Carlson. J’ai regardé ses émissions pendant plusieurs années. Il était mordant, il attaquait sous des angles que les autres commentateurs politiques ignoraient.

Là, il n’a pas conduit un très bon débat à mon sens. Il n’a pas posé les questions cruciales, importantes sur les élections de 2024, et n’a pas recadré l’ancien président lorsqu’il s’évadait dans des considérations secondaires – il a par exemple passé trois minutes à parler du fabricant de lave-linges Whirpool, qui allait déposer son bilan à cause des restrictions d’eau et des importations de Corée et de Chine.

Donald Trump a justifié d’une phrase les erreurs à répétition qu’il a commises tout au long de sa présidence en s’entourant de créatures du marécage qui l’ont trahi, expliquant qu’alors, il ne connaissait pas Washington, mais que maintenant, il avait appris. Il a confirmé, sans animosité ni ressentiment, à quel point la loyauté n’existe pas en politique.

“Le niveau de loyauté est différent en politique qu’il ne l’est dans la vie normale. Ceci dit, j’ai aussi eu des gens très loyaux”.

Prenant Mitch McConnel pour exemple du fonctionnement du marécage puant de Washington, Donald Trump a affirmé qu’il l’a aidé à se faire réélire, et qu’ensuite à son avis, McConnel a tenté de convaincre les sénateurs de le faire destituer – spécialement lors du second impeachment, et pour le premier impeachment “il a agi très très lentement”.

“C’est un sale type”, dit Trump. “Les types lui sont soumis parce qu’il leur donne de l’argent. Il lève de l’argent, il contrôle l’argent et il distribue l’argent. C’est la seule forme d’autorité qu’il a.”

J’ai écrit récemment qu’en 2016, Donald Trump avait promis de nettoyer le marécage, mais qu’à part les coupes claires qu’il a faites dans les réglementations, il n’a jamais vraiment attaqué les créatures qui composent le Deep State. Et je crois depuis le début que la tâche est trop grande.

Ce n’est qu’à la 43e minute (sur un débat qui a duré 46 minutes), que Carlson a demandé à l’ancien président quelle serait la première chose qu’il ferait s’il est élu.

  • Si vous êtes élu président à nouveau, quelle est votre top priorité ?

Je ferais plusieurs choses en même temps. Mais la première chose, c’est la frontière. Et je vais prendre les centaines de milliers de criminels qui ont été autorisés à entrer dans le pays, et les expulser, les renvoyer dans leurs pays.

…/…

J’ai construit presque 700 km de mur, et j’avais encore construit 300 km, il ne restait plus qu’à les installer. Ca aurait pris trois semaines. C’est là que j’ai compris que ces gens [les Démocrates] veulent des frontières ouvertes. La première chose que je ferais, je verrouillerais la frontière – sauf pour les gens qui veulent venir légalement.

  • Vous pensez qu’on se dirige vers une guerre civile ?

Il y a une immense passion, et il y a énormément d’amour. Vous savez, le 6 janvier a été un jour très intéressant – et ils n’en parlent pas correctement. Il a des gens dans cette foule ce jour-là, qui ont déclaré que c’était le plus beau jour de leur vie. Il y avait de l’amour dans cette foule. De l’amour ! De l’unité. Je n’ai jamais vu un tel esprit, une telle passion et un tel amour. Et je n’ai jamais vu, simultanément, venant des mêmes personnes, une telle haine pour ce qu’ils [les démocrates] ont fait à notre pays.

  • Vous pensez qu’il soit possible qu’il y ait un conflit direct ?

Je l’ignore, mais je peux dire ceci : Il y a une immense passion, et il y a énormément d’amour et il y a beaucoup de haine. Et c’est probablement une mauvaise combinaison”.

J’imagine les journalistes prenant des notes afin de critiquer, contester les propos de Donald Trump et l’accuser de mensonge. Je ne doute pas qu’ils vont se jeter sur les statistiques pour contester le chiffre de “centaines de milliers de criminels qui ont été autorisés à entrer dans le pays”. Ils ne le font lorsque Joe Biden ment, bien entendu. Ils vont également prendre prétexte à ses remarques sur le 6 janvier pour rappeler les policiers morts durant cette émeute (c’est un hoax débunké depuis longtemps mais la presse continue à l’affirmer), et défendre l’idée que Donald Trump soutient la prise de pouvoir par la force.

Je ne m’étendrais pas sur Joe Biden. Nous savons tous qui il est. Trump a résumé sa présidence en deux mots : corrompu et incompétent, et a décrit sa forme physique ainsi : quand il se déplace, on dirait qu’il marche sur des cure-dents.

Je vous avais dit que je regarderai où en est le nombre de personnes qui ont regardé cette interview à la fin de la rédaction de cet article : 127 millions.

Nouvelle mise à jour à 16 heures : 182 millions.

Et un expert de CNN a déclaré hier : je ne crois pas que les gens regarderont l’interview de Trump sur Twitter, ça ne les intéressera pas. C’est à ça qu’on reconnaît les experts.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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