Publié par Eduardo Mackenzie le 11 août 2023

L’hypothèse du ˝coup d’État en douceur˝ agité en ce moment par les groupes qui soutiennent le gouvernement agonisant de Gustavo Petro (1), manque de fondement.

Ils devraient plutôt parler de “l’effondrement en douceur” du gouvernement Petro, puisque c’est ce qui se passe. L’ouragan actuel qui balaie le gouvernement de Petro a été déclenché par le cœur même du système Petro : par les révélations de son fils Nicolas et de Day Vasquez Castro, la femme de celui-ci, sur l’entrée d’argent illégal dans la campagne électorale de Gustavo Petro de 2021-2022 et sur la violation des plafonds légaux de cette même campagne.

Cette révélation, qui pourrait n’être que la pointe de l’iceberg de la corruption du système petriste, finira par saper les bases du pouvoir actuel. Mais cet ouragan ne vient pas de l’opposition, ce n’est pas non plus un “coup” de celle-ci. Il vient de ceux qui ont profité politiquement de cette corruption et qui ont rempli leurs poches avec de l’argent mafieux. Ce sont les propres alliés et complices de Petro qui, paradoxalement, font tomber Petro.

C’est donc le début d’un effondrement interne, d’une implosion du racket qui prétend avoir remporté la présidence de la République et qui, en réalité, a remporté l’élection présidentielle en violant les règles du processus électoral lui-même.

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Cet effondrement n’a pas commencé avec les révélations de Day Vasquez Castro, il a commencé plus tôt, avec les mesures gouvernementales absurdes de Petro, avec l’instabilité de ses ministres ignares, et surtout avec la découverte d’un trafic d’argent noir dans lequel la présidence de la République est impliquée par les agissements de Laura Sarabia, ancienne directrice de cabinet du président Gustavo Petro.

Cet épisode s’est aggravé le 9 juin avec la mort subite, par arme à feu, dans des conditions peu et mal enquêtées, du chef de la sécurité de la présidence, le colonel Oscar Davila, quelques heures avant de se présenter au parquet pour dire ce qu’il savait de ce trafic. (2)

Deux jours avant ce drame, Gustavo Petro avait tenté de rejeter la faute sur l’opposition : il avait affirmé que ˝la droite˝ allait ˝rompre avec la démocratie˝ parce qu’elle menait un ˝coup d’État en douceur, un putsch˝ contre lui. Le magazine Alternativa affirme que le colonel Davila, quelques jours avant sa mort, avait pris la décision de se rendre aux États-Unis pour raconter à la CIA “toutes les irrégularités qu’il avait découvertes dans l’affaire de l’argent dérobé chez Laura Sarabia”.

Le chaos a également commencé avec les conversations téléphoniques explosives entre Armando Benedetti et Laura Sarabia au cours desquelles l’ancien ambassadeur de Colombie au Venezuela, bras droit de Petro, a évoqué la campagne électorale de ce dernier en 2022 au cours de laquelle il y aurait eu, selon Benedetti, un afflux d’argent louche dans le département de l’Atlantique pour une valeur de 15 milliards de pesos. Ces conversations ont été rapportées par la presse début juin dernier sans être démenties par Sarabia ni par Benedetti. Celui-ci a fui le pays et n’a pas voulu répondre à l’appel du Parquet. Il fuit également la Cour suprême de justice, qui enquête sur lui pour achat présumé de voix en 2018, à Maicao, Guajira.

Et pour compléter : en raison des plaintes qu’il a reçues concernant de telles irrégularités et pour la violation des plafonds et des dépenses du parti Pacte historique, le Collège national électoral (CNE) a ouvert une enquête sur la campagne de Gustavo Petro.

Il est évident que le “coup d’État en douceur” n’est pas une conspiration de l’opposition. Ce qui ne veut pas dire qu’elle est passive face à cet effondrement. Rien de plus légitime que de maintenir la pression pour que toute la vérité soit faite sur la montagne de corruption qui entoure l’élection de Gustavo Petro et d’exiger que les mesures dictées par la loi soient prises, à savoir : la destitution de l’actuel occupant du Palais de Nariño.

Pour résumer : la corruption électorale est tellement massive dans le camp petriste que la vérité sort par les voies les plus variées et par la bouche même de certains caciques petristes. Les organes de justice et de contrôle ne font que répondre à un devoir : enregistrer et recueillir des témoignages, sauvegarder les documents et étudier les preuves pour ensuite juger et punir les crimes et délits que l’équipe gouvernementale a pu commettre.

La bataille pour la vérité n’est pas l’apanage exclusif des spécialistes. La lutte contre la fraude électorale et pour l’Etat de droit, tant bafoué par ce régime, requiert les efforts les plus divers des citoyens : marches, sit-in, plaintes, débats, informations, lutte contre le mensonge, solidarité effective avec la presse libre, avec la force publique, avec de courageux procureurs, magistrats, juges, et membres du Congrès et avec les victimes du gouvernement. En d’autres termes : l’occupation du terrain à tous les niveaux, à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Un président qui s’acharne à ruiner le potentiel énergétique du pays, saper le système de santé, désorganiser l’armée, pulvériser le patrimoine culturel, pervertir la politique étrangère colombienne et le système traditionnel d’alliances, compte de moins en moins sur la clémence des Colombiens.

Le contrôle citoyen de ce qui se passe dans ce glissement de terrain doit être permanent. Il faut empêcher que la bête blessée hypnotise ses adversaires, effraye les uns et achète les autres en suivant les tactiques diaboliques qui maintiennent au pouvoir Daniel Ortega au Nicaragua et Nicolas Maduro au Venezuela.

De moins en moins de Colombiens croient que Petro ˝rectifiera ses erreurs˝ et travaillera pour le pays. Beaucoup se rendent compte que le gouvernement Petro est un gouvernement de destruction. Il existe des mécanismes prévus dans la Constitution colombienne pour se défendre contre une telle calamité. Suivre cette voie, ce n’est pas préparer un coup d’État. C’est mettre le Droit au centre de l’affaire.

Le ˝coup d’État en douceur˝ illusoire s’est cristallisé en un auto-effondrement. La question centrale est d’empêcher que cette dynamique ˝douce˝ ne mène à la violence par la volonté de ceux qui cherchent à s’accrocher au pouvoir.

© Eduardo Mackenzie (@eduardomackenz1) pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

  1. Le mouvement subversif Cric (Conseil indigène régional du Cauca) a annoncé le 4 août qu’il envahirait à nouveau Bogotá pour empêcher le “coup d’État en douceur contre le projet politique de Gustavo Petro”. Le Cric invective la presse et les médias pour “montrer Nicolás Petro dans les tribunaux ou accoler son père” et pour avoir dénoncé “la corruption et les revenus d’argent non déclarés de la campagne électorale du Pacte historique”.
  2. La version du ˝suicide˝ du colonel Dávila est rejetée par sa famille.
  3. Selon le témoignage de Nicolás Petro Burgos devant le parquet, l’un de ceux qui lui ont donné de l’argent pour la campagne de son père est Samuel Santander Lopesierra, mieux connu sous l’alias de “l’homme Marlboro”. La revue Semana affirme que Lopesierra a donné à Samuel Petro 600 millions de pesos en espèces à la mi-2022. Lopesierra avait été extradé en 2003 et a passé 18 ans en prison aux États-Unis pour avoir envoyé des tonnes de cocaïne dans ce pays. Il a été libéré le 16 août 2021.

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