Publié par Guy Millière le 9 août 2023

Le Niger est un pays dont les liens avec la France sont en train d’être coupés, et la présence française en Afrique subsaharienne ne tient plus qu’à un fil.

Il reste la Côte d’Ivoire et le Sénégal, et il n’est pas certains que cela dure. L’opposant sénégalais Ousmane Sonko, très anti-français, avait des chances de gagner les élections présidentielles de février 2024. Il a été jeté en prison. Pour tenter de capter en sa faveur le sentiment anti-français, le parti au pouvoir à Dakar “décolonise” le nom des rues et des avenues pour en faire disparaitre toute trace française.

Si la France devait être totalement éliminée de l’Afrique subsaharienne, les conséquences économiques existeraient, mais seraient assez faibles : ce que la France achète aux pays de l’ancienne Afrique Occidentale Française peut aisément être acheté ailleurs et il en va de même pour ce que la France achète aux pays de l’ancienne Afrique Equatoriale Française, et l’uranium acheté au Niger représente seulement dix pour cent de l’uranium acheté par la France pour faire fonctionner ses centrales nucléaires.

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Les conséquences géopolitiques seraient plus importantes, et c’est pourquoi la France aurait voulu compter sur une intervention armée de la CEDEAO. L’intervention militaire n’aura pas lieu, on est en train de le voir. Aucun des pays susceptibles d’intervenir n’a une armée assez forte pour le faire, pas même le Nigeria qui n’est pas parvenu à vaincre militairement les terroristes islamiques de Boko Haram sur son propre territoire, et l’armée française ne peut se maintenir par la force au Niger. Elle n’en a pas les moyens, et semblerait reprendre la posture du colonisateur, ce qui susciterait un tollé dans toute l’Afrique.

Les conséquences géopolitiques sont, en fait, déjà là. Le Niger était le dernier pays dans lequel la France avait encore des militaires présents pour combattre les organisations islamistes agissant dans le Sahel : le combat contre ces organisations était déjà quasiment perdu, et pour cause : la mission donnée à l’armée française était une mission impossible. Le nombre de soldats était bien trop faible pour un territoire bien trop grand.

Surveiller les organisations islamistes présentes dans la zone sahélienne va devenir bien plus complexe. Pour l’heure, ces organisations se contentent de ravager la zone sahélienne et, composés de membres des tribus nomades minoritaires, s’en prennent aux tribus sédentaires situées plus au Sud en utilisant l’idée de djihad pour mobiliser autour d’elles.  Et la question qui doit se poser est : les organisations islamistes se limiteront-elles à la zone sahélienne ? 

Dès lors que la zone sahélienne est très pauvre  (PIB annuel par habitant de la Guinée, 1189$, pour le Burkina Faso 893$, pour le  Mali 873$, pour le Tchad, 685 $, pour le Niger 590$), et connait une natalité très importante (Guinée, 4,49 enfant par femme, Burkina Faso, 4,87, Mali 6,04, Tchad, 6,35, Niger, 7,6), qui conduit à des flux migratoires eux-mêmes très importants en direction de la France, et dès lors que les migrants venant en France sont musulmans parce que la zone sahélienne est essentiellement musulmane, ce qui découle de la question que je viens de poser est une autre question : est-ce que parmi les migrants musulmans arrivant illégalement en France, certains d’entre eux seront islamistes ?

Même si les organisations islamistes présentes dans la zone sahélienne n’ont pas l’intention de frapper la France, leur influence ne doit pas être sous-estimée.

Les migrants arrivant illégalement en France sont imprégnés de sentiments anti-français parce que le sentiment anti-français monte dans la zone et est alimenté par le fait que les dirigeants en place depuis des années sont corrompus, et détournent les aides venues de la France (combien d’entre eux sont millionnaires ?), et ils sont musulmans, ce qui n’arrange rien. Si, en supplément, quelques-uns sont islamistes, cela présentera des perspectives plus sombres encore que celles qui prennent forme d’ores et déjà.

Il faut ajouter que le sentiment anti-français, très présent, est cultivé et attisé par l’action de propagande de puissances ennemies de la France et du monde occidental : la Chine, qui s’installe économiquement, et, présentement, surtout la Russie.

La milice Wagner est très implantée dans la région. Elle dissémine un discours anti-français et anti-occidental reposant sur les vieux slogans “anti-colonialistes” et “anti-impérialistes” datant de l’ère soviétique, et cela fonctionne d’autant plus facilement que Wagner organise des coups d’Etat ou des changements de régime, met en place des dirigeants à la solde de la Russie, leur fournit une garde rapprochée, leur permet d’équiper leur armée de matériel russe et de disposer de céréales russes, et se paie en pillant les ressources des pays concernés.

En quelques années à peine, Wagner s’est ainsi emparé de trois des pays cités plus haut : Guinée, Burkina Faso, Mali. On pourra bientôt ajouter le Soudan anglophone, qui ne faisait pas partie de la zone d’influence de la France et où les factions soutenues par le groupe Wagner prennent l’avantage. Il est probable qu’on pourra ajouter assez vite le Niger, où la milice Wagner veut se déployer.

La Russie veut affaiblir l’Europe, et a tout intérêt à ce qu’une migration anti-française, musulmane, incluant des islamistes, arrive en France.

Ceux qui qui admirent Poutine et ne veulent pas voir en lui un ennemi devraient regarder du côté de l’Afrique subsaharienne pour ouvrir les yeux, si l’admiration ne les a pas encore totalement aveuglés.

Le 2 mars dernier, Emmanuel Macron déclarait que l’ère de la Françafrique était révolue. Il ne croyait pas si bien dire. Il reste le Gabon où Macron a prononcé ces mots, et le Congo Brazzaville, où, parce que j’y travaillais à l’époque, j’ai pu assister à un coup d’Etat fomenté par la France pour sauver les intérêts de la firme pétrolière Elf, et réinstaller Denis Sassou-Nguesso au pouvoir en 1997 (que nul ne me dise que la France a été toujours et partout bienveillante en Afrique).

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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