Publié par Gertrude Lamy le 18 août 2023

Source : 24 Heures via MSN

La police pakistanaise garde ce jeudi un quartier chrétien en banlieue de la ville industrielle de Faisalabad, pris d’assaut la veille par des musulmans dans l’est du pays. Les autorités locales ont annoncé plus de cent arrestations.

Ce jeudi matin, des centaines de policiers étaient déployées dans la zone, dont certains montaient la garde autour de la principale église de l’Armée du Salut, aux fenêtres et aux murs noircis par le feu. L’assaut a été déclenché lorsqu’un groupe de fanatiques religieux a accusé une famille d’avoir blasphémé contre le texte sacré de l’islam.

Au cours des violences, la croix à son sommet a été arrachée. Au moins quatre églises et sept maisons ont été attaquées, a expliqué un représentant de la police sur place. Yasir Bhatti, un Pakistanais chrétien âgé de 31 ans, a raconté avoir fui sa maison, située à proximité d’une des églises incendiées.

Un porte-parole du gouvernement du Pendjab a indiqué dans un communiqué que plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées et que la police était aussi à la recherche de la famille visée. «Le Coran a été profané et les sentiments des musulmans blessés. L’ordre a été donné d’arrêter les accusés», selon le porte-parole.

«Ils ont cassé les fenêtres, les portes et sorti les réfrigérateurs, les canapés, les chaises et d’autres meubles pour les empiler en face de l’église et les brûler. Ils ont aussi brûlé et profané des bibles», a-t-il affirmé, interrogé au téléphone.

Dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on peut voir des responsables musulmans utiliser des haut-parleurs pour appeler leurs fidèles à agir. «Les chrétiens ont profané le Coran. Tous les religieux, tous les musulmans doivent s’unir et se rassembler devant la mosquée. Mieux vaut mourir si vous ne vous souciez pas de l’islam», clame un religieux.

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« Des vendettas »

La question du blasphème est particulièrement sensible au Pakistan, où même des allégations non-prouvées d’offense à l’islam peuvent entraîner assassinats et lynchages.

La Commission indépendante des droits de l’homme au Pakistan a plusieurs fois souligné que les lois sur le blasphème étaient utilisées comme des armes pour cibler les minorités religieuses et régler des vendettas personnelles, et que ces incidents violents étaient en augmentation constante depuis plusieurs années.

Les chrétiens, qui représentent environ 2% de la population, occupent l’un des échelons les plus bas de la société pakistanaise et sont fréquemment la cible d’allégations de blasphème fallacieuses et infondées. Des politiciens ont été assassinés, des avocats tués et des étudiants lynchés après de telles accusations.

«Nous sommes profondément choqués que des églises et des maisons aient été ciblées en réponse à une prétendue profanation du Coran au Pakistan», a déclaré mercredi le porte-parole du département d’État, Vedant Patel. «La violence ou la menace de violence n’est en aucun cas une forme acceptable d’expression», a-t-il rappelé. «Nous exhortons les autorités pakistanaises à mener une enquête complète sur ces allégations et à appeler au calme».

Le nouveau premier ministre par intérim du Pakistan, Anwaar-ul-Haq Kakar, s’est dit sur X «dégoûté» par ces événements, annonçant des «mesures sévères contre ceux qui violent la loi et ciblent les minorités».

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