Publié par Ftouh Souhail le 15 août 2023

L’Arabie saoudite a nommé, samedi 12 aout 2023, un ambassadeur non-résident pour les Territoires palestiniens, qui sera également consul général à Jérusalem, dans un contexte de spéculations sur une normalisation des relations entre Ryad et Israël.

Le dossier des Territoires palestiniens est normalement géré par l’ambassade d’Arabie saoudite dans la capitale Jordanienne à Amman. Le poste d’ambassadeur non-résident sera occupé par Nayef al-Sudaïri, l’actuel ambassadeur saoudien en Jordanie, selon un message publié sur les réseaux sociaux par l’ambassade saoudienne à Amman et authentifié par un responsable du ministère saoudien des Affaires étrangères.

Cette nomination représente « un pas important » vers le rapprochement avec Israël, car elle requiert d’obtenir des autorisations israéliennes. Jérusalem est une ville unifiée sous la souveraineté de L’Etat Juif. Au cours des derniers mois, Ryad et Washington se sont entretenus sur les conditions posées par l’Arabie saoudite pour progresser sur la voie de la normalisation, notamment des garanties de sécurité et une assistance pour un programme nucléaire civil doté d’une capacité d’enrichissement d’uranium.

L’Arabie saoudite ne reconnaît pas officiellement Israël et n’a pas adhéré aux accords d’Abraham de 2020, négociés par les Etats-Unis, qui ont permis à l’Etat israélien de normaliser ses relations avec deux voisins du royaume, les Emirats arabes unis et Bahreïn.

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Ryad a déclaré à plusieurs reprises qu’il s’en tenait à la position de la Ligue arabe, vieille de plusieurs décennies, qui consiste à ne pas établir de liens officiels avec Israël tant que le conflit avec les Palestiniens n’est pas résolu. Toutefois, en juillet 2022, Ryad avait annoncé l’ouverture de son espace aérien à « tous les transporteurs », y compris israéliens.

L’Arabie saoudite a besoin de savoir si les Israéliens « s’activent pour que des progrès tangibles soient réalisés dans la résolution du conflit israélo-palestinien », a déclaré cette semaine à l’AFP Hesham Alghannam, analyste saoudien de l’Université arabe Nayef pour les sciences de la sécurité à Ryad.

Après une réunion samedi à l’ambassade palestinienne, à Amman, Nayef al-Sudaïri a présenté une copie de ses lettres de créance à Majdi El Khaldi, conseiller présidentiel palestinien pour les affaires diplomatiques, qui s’est « félicité » de cette nomination, selon l’agence de presse officielle palestinienne Wafa.

La décision de samedi « donne un aperçu de ce que pourraient être les relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et Israël: un ambassadeur saoudien en Palestine avec un dossier pour Israël », a estimé Aziz Alghashian, analyste saoudien et expert des relations israélo-saoudiennes.

« la paix entre Israël et l’Arabie saoudite est une question de temps »

Le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, a déclaré la semaine dernière que si les États-Unis acceptaient un pacte de défense avec Ryad dans le cadre d’un éventuel accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël, cela rassurerait les pays du Golfe en leur montrant qu’ils sont protégés contre l’agression iranienne.

Dans un article d’opinion publié dans le Wall Street Journal,  Cohen estime qu’un pacte de défense entre Washington et Ryad pourrait répondre aux préoccupations régionales concernant l’hostilité iranienne. « Un engagement en matière de défense pourrait rassurer les nations du Moyen-Orient, principalement l’Arabie saoudite et les États du Golfe », a-t-il écrit. Cohen a déclaré que la Corée du Sud, qui bénéficie d’un engagement de défense de la part des États-Unis, pourrait servir de « modèle potentiel de désescalade » au Moyen-Orient.

Dans le cadre de la normalisation avec Israël, Ryad cherche à obtenir un traité de sécurité mutuelle de type OTAN qui obligerait les États-Unis à se porter à sa défense en cas d’attaque. En outre, Ryad souhaite un accord explicite pour un programme nucléaire civil contrôlé et soutenu par les États-Unis, et la possibilité d’acheter des armes plus avancées à Washington, telles que le système de défense antimissile Terminal High Altitude Area Defense (THAAD), qui pourrait être utilisé pour lutter contre l’arsenal de missiles de plus en plus important de l’Iran.

Israël s’inquiète aussi de la possibilité qu’un réacteur nucléaire civil soit converti pour des usages militaires.

Outre les exigences de Ryad, les mesures exigées d’Israël en échange d’une normalisation des liens comprendraient une promesse officielle de ne jamais annexer la Judée Samarie, et un engagement à ne pas établir de nouvelles implantations ou à ne pas étendre les limites des implantations existantes, afin de laisser la porte ouverte à un futur État palestinien potentiel. Cohen a déclaré à un populaire site d’information arabe que si Israël devait faire des concessions aux Palestiniens pour conclure un accord avec l’Arabie saoudite, il trouverait un moyen de le faire.

« La question palestinienne ne sera pas un obstacle à la paix », a déclaré Cohen lors d’un entretien avec le journal Elaph, basé à Londres, considéré comme un intermédiaire entre Jérusalem et Ryad pour la diffusion de messages publics. « Nous l’avons également prouvé dans les accords d’Abraham. Nous avons tous intérêt à améliorer la vie dans les zones de l’Autorité palestinienne ».

Ces commentaires interviennent alors que l’on craint que toute concession envers les Palestiniens soit considéré comme un signe de faiblesse par les éléments extrémistes arabo-islamistes. Netanyahu cherche depuis longtemps à obtenir ce qui est considéré comme un accord de normalisation insaisissable avec les Saoudiens, le décrivant à plusieurs reprises comme l’une des principales priorités de son gouvernement.

Un tel accord permettrait à Ryad d’offrir une aide d’une ampleur sans précédent aux institutions palestiniennes de Cisjordanie, de réduire considérablement ses relations croissantes avec la Chine et de contribuer à mettre un terme à la guerre au Yémen.

L’état d’avancement des négociations et l’implication d’Israël dans celles-ci ne sont pas clairs. Le mois dernier, le président américain Joe Biden a déclaré : « Nous sommes loin d’un accord avec l’Arabie saoudite. Nous avons encore beaucoup de choses à nous dire ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

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