Publié par Thierry Martin le 21 septembre 2023

La Grande-Bretagne ne rejoindra plus jamais l’UE, rappelait encore Boris Johnson dans sa chronique du Daily Mail. Les arguments de l’ancien Premier ministre sont publiés in extenso dans la deuxième partie de cet article.

Pourquoi l’ancien Premier ministre Boris Johnson soulignait-il qu’au lieu de paraître embarrassés par le Brexit[1], les conservateurs doivent le défendre, en exploiter les avantages – et expliquer pourquoi partir était courageux, remarquable et juste ? Parce que cela n’a pas empêché la Commission européenne et le gouvernement britannique d’annoncer le 7 septembre que le Royaume-Uni participera à Horizon Europe et Copernicus. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré : « L’UE et le Royaume-Uni sont des partenaires et alliés stratégiques essentiels, ainsi que le prouve l’accord conclu aujourd’hui. Nous continuerons d’être à la pointe de la science et de la recherche au niveau mondial. »

On estime globalement que le Royaume-Uni devra verser une contribution annuelle moyenne de près de 2,6 milliards d’euros pour participer à la fois à Horizon Europe et à la composante Copernicus du programme spatial.

Le gouvernement britannique avait auparavant, c’est-à-dire sous Boris Johnson, négocié son maintien dans les programmes concernés via l’accord de commerce et de coopération signé fin 2020. Mais les querelles liées au statut de l’Irlande du Nord avaient conduit à la suspension du Royaume-Uni, l’UE outrepassant ses prérogatives ayant “exigé que [ce] problème […] soit d’abord résolu”, rappelle la Radio Télévision Suisse.

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Londres et Bruxelles ont annoncé s’être mis d’accord sur la participation de la Grande-Bretagne au programme de recherche européen Horizon Europe et au programme européen d’observation de la Terre Copernicus. La base de l’association du Royaume-Uni à ce programme est l’accord de commerce et de coopération conclu avec Boris Johnson qui est entré en vigueur en 2021. Il régit la nouvelle relation entre les deux parties après la sortie du Royaume-Uni de l’UE. L’accord contient un paragraphe qui stipule explicitement “la poursuite de la participation” de la Grande-Bretagne à Horizon Europe. En raison de désaccords autour des dispositions commerciales en Irlande du Nord, la Commission européenne avait toutefois sauté sur l’occasion pour refuser de négocier l’accord sur la recherche avec Londres. Coûte que coûte il fallait faire payer très cher la volonté d’indépendance du Royaume-Uni pour dissuader la moindre velléité d’indépendance des peuples européens. Le régime de Bruxelles avait son os à ronger, ils ont exigé que le problème en Irlande du Nord soit d’abord résolu. L’accord de Windsor, conclu le 27 février dernier par le Premier ministre Rishi Sunak, a finalement permis de trouver une soi-disant solution à la question des contrôles aux frontières en Irlande du Nord qui sauve la face des uns et des autres.

Parmi les dix meilleures universités d’Europe, sept se trouvent au Royaume-Uni

« Je me souviens qu’en 2016, rappelle Boris Johnson dans le Daily Mail[2], nous avions tous un débat animé sur ce qui se passerait si nous quittions l’UE. Certaines personnes étaient particulièrement préoccupées par le risque pour la participation du Royaume-Uni à Horizon – une collaboration scientifique parrainée par l’UE. Le Brexit serait un désastre, ont-ils dit, pour les échanges scientifiques. Plus de conférences financées par l’UE dans de charmantes villes européennes ; plus d’articles conjoints avec des chercheurs d’autres universités européennes ; plus de participation britannique aux percées européennes communes.

Je dois dire que j’étais un peu sceptique à ce sujet, et je l’ai dit à l’époque. Il ne me semblait pas que le domaine de l’effort scientifique et de la recherche se limitait à l’UE. Parmi les dix meilleures universités d’Europe, sept se trouvent au Royaume-Uni, une en Suisse et deux seulement dans l’Union européenne. Les partenariats scientifiques sont aussi mondiaux et instantanés qu’Internet.

En tout cas, je ne comprenais pas pourquoi quitter l’UE signifierait quitter des projets comme Horizon, en supposant que nous voulions rester. Horizon n’était pas politique. Cela ne faisait pas partie d’un grand projet législatif visant à créer les États-Unis d’Europe. Pour en faire partie, vous n’aviez pas besoin d’être membre du marché unique de l’UE ou de l’union douanière, ni d’adhérer à la juridiction de la Cour de justice européenne. Le Royaume-Uni a largement contribué financièrement au projet. Notre recherche était de classe mondiale.

Qui serait assez fou pour virer le Royaume-Uni d’Horizon ? Eh bien, il s’est avéré que j’ai sous-estimé la mesquinerie de nos amis et partenaires. Ils ont décidé temporairement de mettre fin à l’adhésion du Royaume-Uni, même s’ils voulaient et avaient besoin de nous. Maintenant, je suis ravi de dire qu’ils ont cédé, et nous sommes de retour, et à juste titre.

C’est ce que nous, Brexiteers, avons toujours dit qu’il arriverait, et devrait arriver. Nous avons dit que nous pouvions obtenir le meilleur des deux mondes — quitter l’UE, mais continuer avec des partenariats et des collaborations de toutes sortes. QED (quod erat demonstrandum), comme on dit dans le monde académique. »

Le cadre de Windsor, qui enferme l’Irlande du Nord dans des parties du marché unique, rendant de fait plus difficile, mais pas impossible, pour le reste du Royaume-Uni de diverger du droit de l’UE, a permis cette coopération scientifique internationale. Le pays a néanmoins préféré ne pas revenir dans le programme de recherche atomique Euratom. Le Royaume-Uni développera notamment une stratégie nationale en matière de fusion nucléaire, “soutenue par un budget de 650 millions de livres sterling [environ 750 millions d’euros] jusqu’en 2027[3].

En revanche que ceux qui imaginent le Royaume-Uni rejoindre l’UE se calment un peu, cela signifierait — selon les règles de l’UE — que la Grande-Bretagne devrait abandonner la livre, adhérer à l’euro et abandonner le contrôle national de la politique monétaire et, logiquement, fiscale. Pour rejoindre l’UE, la Grande-Bretagne devrait payer encore plus à Bruxelles qu’auparavant et adhérer à l’objectif d’une Europe fédérale. Aucun gouvernement britannique sérieux ne l’accepterait, comme l’a rappelé l’ancien Premier ministre Boris Johnson dans sa chronique du samedi dans le Daily Mail, journal qu’avait choisi Churchill pour s’exprimer depuis les Etats-Unis en 1931, pendant sa propre traversée du désert.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Thierry Martin pour Dreuz.info.


[1] Amazon.fr – BoJo, un punk au 10 Downing Street: Global Britain : Boris Johnson, le Brexit, et l’après – Martin, T. A., Martin, Thierry – Livres

[2] BORIS JOHNSON: Britain will NEVER, repeat NEVER, rejoin the EU. Instead of appearing embarrassed by Brexit, the Tories need to champion it, exploit its benefits – and explain why leaving was brave, remarkable and right | Daily Mail Online

[3] What does rejoining EU’s Horizon scheme mean for UK research and innovation? | Science policy | The Guardian

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