
« L’école est devenue un sujet régalien. C’est dans les salles de classe que se murmure la France et que s’apprennent nos valeurs », a dit le Président de la République. Et il a ajouté : « Compte-tenu des enjeux, l’éducation fait partie du domaine réservé du Président. »
Les mauvaises langues diront que cela fait « doublon » avec le fraîchement nommé Ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal. Et comme les mauvaises langues ne manquent pas, d’autres s’étonneront du fait que depuis six ans qu’il exerce le pouvoir, notre Président n’a pas eu le temps de prendre à bras le corps le problème crucial qu’est celui de l’École, dont le précédent ministre a parachevé la destruction, notamment en donnant la priorité à l’enseignement à la sexualité.
Cette découverte sur le tard, il faut bien le dire, n’en est pas moins solennelle. Et le Président qui sait retrousser ses manches quand il le faut, a pris le taureau par les cornes.
Dans une interview fleuve donnée au Point[1] avec ce titre « Sur l’école, nous devons sortir des hypocrisies françaises »,nous sentons que cette fois, il va se passer quelque chose de fort ! Qui aime bien châtie bien. Une fois de plus, le Président qui sait de quoi il parle en matière d’hypocrisie, ne manque pas d’écorner la France, en toute franchise : les hypocrisies sont bien françaises !
« Accueillir les élèves dès l’âge de deux ans, si possible ! (Le si possible indique que nous avons des difficultés à recruter des enseignants, mais à l’impossible nul n’est tenu…) Est-ce vraiment une priorité ?
« On remet à l’école le cœur des savoirs fondamentaux, lire, écrire, compter, se comporter. Et on l’évalue chaque année. » Ainsi le Président reconnaît que les savoirs fondamentaux ont été négligés… Mais alors que faisait-on dans les classes ? Les élèves n’étaient-ils pas en train d’arpenter les disciplines fondamentales afin de se les approprier ? Les pédagogistes appellent ça : « construire son savoir !» Vaste programme qui a donné les résultats que l’on sait…
« Le dédoublement des classes en CP, CE, c’est maintenant une réalité et cela marche. On finit en grande section – on aura fini à la rentrée 2024- et on va permettre de réduire le nombre d’élèves et avoir des adaptations pédagogiques aussi en moyenne section pour obtenir le même résultat. »
On croyait a du sérieux, mais chassez le naturel il revient au galop : les adaptations pédagogiques sont de retour. Du moment que le mot « pédagogique » est prononcé, on est tranquille : tout rentre dans l’ordre du néant !
Le président murmurant, poursuit sa « grande explication » dans le Point : « Car au fond, ce qui conduit à l’échec scolaire, à l’échec d’insertion, ce sont des jeunes qui glissent de classe en classe. On remet donc à l’école le cœur des savoirs fondamentaux, lire, écrire, compter, se comporter. Et on l’évalue chaque année. Cette évaluation sera largement partagée entre enseignants et parents dès cette rentrée et sera au cœur des conseils nationaux de refondation de l’école. On va pouvoir suivre ces jeunes et conjurer cette fatalité. »
Glisser de classe en classe, indique que le Président connaît l’usage de la métaphore. Les redoublements étant proscrits, les élèves ne peuvent que glisser car il ne faut pas humilier ceux qui n’ont pas le niveau. Autrefois, on ne glissait pas, on passait dans la classe supérieure si l’on avait des résultats corrects et l’on sautait une classe si on était en avance sur le programme.
Par ailleurs, on s’interroge : « si l’on « remet à l’école le cœur des savoirs fondamentaux » c’est qu’ils n’y étaient plus. Alors que faisait-on à l’école ? Ah ! j’oubliais qu’on s’occupait de choses plus urgentes comme le réchauffement climatique, la sexualité dans tous ses états, grâce au Ministre Pape N’diaye (qui ne fut pas le premier à déblayer cette voie ô combien délicate). Si ce dernier a mis le paquet sur la sexualité à l’école, il n’a fait que suivre les injonctions de l’OMS [2] et celle de la « déclaration des droits sexuels » des enfants.
Je note que le Président a parlé de refondation. Terme qu’il emprunte à l’ex-ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon sous F .Hollande et qui avait été un pionnier de la refondation ! On ne saurait blâmer le Président de reprendre à son compte des expériences qui ont fait leurs preuves… « Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage » conseillait le poète Nicolas Boileau !
Et le Président, qui n’est pas à court d’idées poursuit : « … nous allons instaurer la demi-heure de sport obligatoire chaque jour et renforcer dès la sixième l’éducation artistique et culturelle. »
Comment ne pas souscrire à un tel projet ? Déjà, dans « L’école à la dérive[3] », je décrivais les consignes données aux professeurs d’art plastique, dans les IUFM : ne pas apprendre à dessiner mais enseigner « le creux et le flou », pour être en phase, sans doute, avec l’art contemporain !
Le problème, cependant c’est comment enseigner la culture ? Notre Président ne nous l’avait-t-il pas rappelé : « Il n’y a pas de culture française ! Et « l’art français, je ne l’ai jamais rencontré… » Il va donc falloir se rabattre sur l’art musulman ou africain, grâce à notre idéal d’ouverture sur le monde et nos populations immigrées.
Autre sujet récurrent : les vacances ! Sont-elles trop longues ? Cela fait des lustres qu’on agite le chiffon rouge des vacances, sans jamais trancher. Mais le Président, comme en toute circonstance, prend ses responsabilités :
« Il faut changer le rapport au temps car, dans les communes les plus en difficulté, les inégalités se recréent le soir, le week-end et pendant les vacances. Il y a trop de vacances et des journées trop chargées. » On est heureux d’apprendre qu’elles ne durent pas 24h sur 24 !
De quelles difficultés parle-t-on ? Dans une frénésie soudaine, le chef de l’Etat veut, dans l’urgence, une rentrée dès le 24 août. À l’évidence il n’a pas consulté son calendrier. Mais on sent chez lui l’enthousiasme et la détermination. Il paraît peu probable, étant donné que le mois d’août touche à sa fin, que l’on puisse faire bouger le Mammouth en si peu de temps. Le pachyderme se meut avec lenteur et les enseignants sont en vacances. Et les vacances c’est sacré ! Oui, il y a du rattrapage sur la planche, et le Président devrait savoir que dans l’Education nationale, c’est le temps long qui mène la danse.
La bataille pour l’orientation :
« Dès la cinquième, il s’agit de faire entrer les métiers au collège. C’est fondamental, car la lutte contre l’assignation à résidence se fait là. Il y aura une présentation des métiers pour que les élèves se forgent une conviction, puissent comprendre où il y a des besoins. » Et éventuellement faire valoir leurs dons et leurs aspirations propres.
Ayant enseigné en collège, j’ai souvenir que, dès la cinquième, les élèves voyaient passer chaque année le préposé à l’orientation professionnelle. Ils pouvaient prendre rendez-vous avec lui afin de s’informer. Et l’opération se reproduisait en troisième. Le problème c’est que la plupart de ces personnels orientaient, non pas vers un métier, voire une vocation, mais conseillaient, par idéologie égalitariste, de poursuivre ses études jusqu’au Bac, voire plus, quelque fût leur niveau scolaire. C’était la politique de la gauche. Curieusement les métiers technologiques étaient méprisés.
Et le Président de poursuivre sur ce qu’il appelle « les hypocrisies françaises » :
« Lorsqu’on regarde la situation de nos adolescents en lycée professionnel, elle est inadmissible. (Que ne l’a-t-il pas dit dès son premier quinquennat !) Environ un tiers décroche et beaucoup trop n’ont ni diplômes ni formations. Depuis des décennies, face à cette situation si injuste, on a fermé les yeux. Personne ne s’indigne. (Sans doute le Président n’a-t-il pas eu le temps de lire tous les livres qui s’indignent, depuis des années, des dérives de l’école !) On a reproduit des inégalités et on a produit du chômage. Donc il faut fermer les formations là où il n’y a pas de débouchés et en ouvrir là où il y a des besoins. Dans les métiers qui recrutent le plus, la majorité correspond à la voie professionnelle ; il y a donc un bel avenir pour ces jeunes, pourvu qu’ils soient bien orientés. Nous allons recruter des professeurs associés, impliquer les entreprises, indemniser les stages, pour aller vers le zéro décrochage et le 100% insertion. »
Décidemment, le « Patron » va de découvertes en lapalissades ! Au bout de six ans de mandat il découvre l’eau chaude. Je passerai sur une autre hypocrisie dont il prend connaissance : l’accès à l’université et le cursus universitaire. « Ce n’est pas vrai que tout le monde à vocation à aller à l’université et qu’aller à l’université est une fin en soi ». Dit-il. C’est d’une telle évidence que nous ne nous attarderons pas sur ce sujet. Et il enfourche l’antienne du salaire des profs ; je le rappelle, un professeur français touche la moitié du salaire d’un prof allemand !
Et, quand le journaliste lui fait remarquer : « Vous parlez beaucoup de l’école. Mais vous comprenez que la logique puisse être difficile à suivre quand vous êtes passé de Jean-Michel Blanquer à Pap Ndiaye ? » (J’oserais dire : de Charybde en Scylla), le Président se rebiffe :
« Je conteste totalement ce point. On a fait un mauvais procès à Pap Ndiaye, qui, comme Jean-Michel Blanquer avant lui, a conduit la politique sur laquelle je me suis engagé devant les Français : renforcer les savoirs fondamentaux, porter les valeurs de la République pour développer l’émancipation des jeunes et lutter contre les inégalités à la racine. Compte-tenu des enjeux, l’éducation fait partie du domaine réservé du président. Il y a une très grande continuité depuis 2017. Pourquoi je parle autant d’école ? Parce que c’est le cœur de la bataille que l’on doit mener, parce que c’est à partir de là que nous rebâtirons la France. »
Emporté par son narcissisme, le Président n’a pas remarqué l’énorme contradiction dans laquelle il se fourvoie, sans parler du ridicule ! Ainsi, c’est sa propre politique qu’il démolit pour nous resservir le même plat réchauffé !
Je n’infligerai pas au lecteur la suite de cette valse du « en même temps » qui étourdit, abasourdit et dévoile le néant d’une pensée clivée, servie par un discours arrogant, confus qui n’est là que pour remplir l’espace d’une fonction ou plutôt son habit.
Il faut entendre sa conclusion : véritable tour de force du « parler pour ne rien dire », alors qu’on lui reproche de ne pas parler de laïcité à l’école, (sujet dérisoire comme chacun sait !)
« Je ne suis pas là pour décrire ce qui ne marche pas mais j’ai la clé pour qu’on s’en sorte. » N’est-ce pas sublime ?
Nous avons un Président qui sait parler. C’est du reste à peu près tout ce qu’il sait faire, même s’il dit tout et son contraire. L’essentiel est que le moulin tourne.
Au cas où certains croiraient encore à sa détermination de prendre les problèmes à bras le corps, d’améliorer ce qui ne va pas, nous devons comprendre qu’il est précisément là pour que rien ne change, pour que tout se dégrade (dans tous les domaines) afin de casser la nation, notre Nation, sa culture, sa civilisation, sa cohésion en tant que peuple, son essence judéo-chrétienne. N’ayons aucune illusion, Macron est là, non pour reconstruire, mais pour parachever la destruction de notre pays entreprise depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Il n’est pas mandaté par le peuple, mais par les hommes de Davos dont il fait partie. Ce sont eux qui l’on placé là pour faire le job ! Il n’est qu’une marionnette aux mains des puissants qui tirent les ficelles dans l’ombre feutrée de Davos. « emmerder les Français », ce qu’il fait avec maestria, et une bonne dose de cynisme, notre Président continuera de faire ce qu’il fait le mieux : se répandre en discours lénifiants et annoncer les lendemains qui chantent.
Soyons-en certains, l’offensive nouvelle contre l’abaya sera un flop. Quant au problème majeur que constitue l’immigration, il nous a prévenus : « La France est une terre d’immigration et le restera ! » On aura donc plus d’immigrés et plus d’abayas, sans parler du reste !
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Evelyne Tschirhart pour Dreuz.info.
Texte publié dans Mabatim
[1] Le Point :24 août 2023 : Macron la grande explication.
[2] L’OMS : organisation mondiale de la santé. Selon Ariane Bilheran, dans son livre « L’imposture des droits sexuels », ou la loi du pédophile au service du totalitarisme mondial » cette « déclaration des droits sexuels » est fondée sur un sophisme, c’est-à-dire un raisonnement faux. »
[3] Evelyne Tschirhart : L’école à la dérive » éditions de Paris Max Chaleil 2004
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A mettre en perspective : le DSM IV (et le V), manuel de diagnostic psychiatrique établi par l’American Psychiatric Association, classe la créativité et le non-conformisme parmi les maladies mentales.
https://meta.tv/creativite-et-non-conformisme-desormais-une-maladie-mentale/
Les études liées au PISA qui ont analysé les problèmes de l’école en France montrent que celle-ci fonctionne plutôt bien pour ceux qui s’y adaptent, 80% des élèves. La cause principale de la note relativement peu flatteuse de la France au PISA est le nombre catastrophique de jeunes sortant du système sans diplôme ni formation.
On sait mener à bien les études d’un élève mais à la moindre difficulté, sociale, psychologique ou autre, l’élève décroche et l’école est impuissante.
Il est vrai qu’on a longtemps délaissé les formations professionnelles et l’idéologie égalitariste de gauche n’y est pas étrangère mais ce n’est pas la seule cause: pourquoi former des tourneurs, fraiseurs ou mécaniciens quand les usines ferment et les plans sociaux s’accumulent ? Les parents ne vivaient-ils pas comme un échec leur enfant renonçant aux études longues ?
Bref, il y a eu un renoncement général qui a aboutit à ce résultat.
N’oublions pas le dénigrement qu’ont longtemps subi les profs, la pression qu’exercent sur eux les parents (notamment en primaire) lesquels pensent que si leur enfant n’a pas un an d’avance c’est pire que s’il avait un an de retard.
Je me méfie par ailleurs des phrases du genre “la destruction de notre pays depuis la fin de la seconde guerre mondiale”. Est-ce à dire qu’avant 1945 on construisait notre pays ? A coups de guerres mondiales, de crises économiques (d’une autre ampleur que les nôtres) et de Front Populaire ?
Il convient d’être empirique et de regarder les expériences qui fonctionnent chez nos voisins, les Pays-Bas, la Suisse ou l’Allemagne (qui était au fond du trou il y a 20 ans). On voit que certains points sont communs à la réussite des systèmes: le niveau de formation des profs, leur reconnaissance, l’autonomie des établissements et la décentralisation (à l’opposé de notre bureaucratie nationale), la formation alternée, la gratuité,…
La France est classée 26ème en moyenne au Pisa. Ce n’est pas glorieux mais il lui suffirait de gagner 10 points sur 493 pour se retrouver 10ème. Cela montre qu’il ne faudrait pas grand chose pour retrouver les wagons de tête. Encore faut-il le faire.
Et les débats actuels sur l’uniforme sont stériles car rien ne lie cela à la réussite scolaire en Europe.
La critique ci dessus signée ‘Marlowe’ est très tendancieuse : exemple sa conclusion “rien ne lie cela à la réussite scolaire “, absolument fausse dans la mesure où accepter le port (provocateur) de l’abaya illustre le renoncement à l’autorité contraignante de l’institution scolaire0 Et c’est bien parce que cette autorité n’existe plus que le chargé de cours passe les 3/4 du temps de sa présence face aux écoliers à FAIRE DE LA DISCIPLINE, à rétablir l’ordre et le calme AVANT DE POUVOIR TRANSMETTRE DES CONNAISSANCES , càd simplement exercer son métier !!: l’Ecole se meurt faute d’autorité, et les résultats se perçoivent au classement PISA..
Je crois qu’il y a confusion. L’interdiction, nécessaire, de l’abaya n’a rien à voir avec l’obligation du port de l’uniforme que certains réclament. En Europe, seul le R.U impose l’uniforme (longue tradition). Ses résultats sont un peu meilleurs que ceux de la France au PISA mais moins bons que d’autres pays qui n’imposent pas l’uniforme.
Il ne faut pas que cet élément secondaire pollue ce qui importe le plus pour le système scolaire et que j’énonce plus haut.
Répugnant clown toxique.