Publié par Guy Millière le 22 septembre 2023

5 juillet 2020. Philippe Monguillot, chauffeur de bus à Bayonne, est assassiné avec une ignoble sauvagerie.

L’assassinat fait la une des médias pendant quelques jours. La veuve de Philippe Monguillot exprime sa douleur et sa colère. Puis vient l’oubli. L’actualité se dirige dans une autre direction.

Les deux assassins viennent de passer en jugement.

La veuve de Philippe Monguillot avait parlé à nouveau avant le procès, et dit qu’elle voulait que les peines prononcées soient exemplaires, aux fins qu’il n’y ait plus d’assassinat semblable en France. Elle risquait fort d’être déçue, et elle a toutes les raisons de l’être, ce qui était très prévisible.

Les deux assassins risquaient vingt ans de prison. Ils ont été condamnés à quinze ans de prison pour le premier, à treize ans de prison pour le deuxième. Ils ont tous les deux vingt-cinq ans. Ils ressortiront de prison à quarante ans pour l’un, trente-huit ans pour l’autre, et s’ils font preuve de “bonne conduite” pendant leur incarcération, ils sortiront plus tôt encore, dans huit ou neuf ans peut-être. Et s’ils le veulent, ils pourront recommencer.

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Peut-être voudront-ils à nouveau, un jour ou l’autre, prendre un bus sans payer, car c’est ce qu’ils ont fait le jour où ils ont assassiné Philippe Monguillot. Peut-être un chauffeur de bus leur demandera de payer leur billet, c’est ce qu’a fait Philippe Monguillot le jour où il a été assassiné. Peut-être se mettront-ils en colère, et frapperont-ils le chauffeur en le laissant pour mort, c’est ce qui est arrivé à Philippe Monguillot.

Le simple fait que l’assassinat ait été requalifié et défini comme “violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner” était très significatif : s’acharner sur un homme à terre, lui donner des coups de pied dans la tête et faire éclater sa boite crânienne n’implique aucune intention de donner la mort, bien sûr !

Les deux assassins étaient des criminels récidivistes et avaient déjà été condamnés à des peines trop légères. Ils seront condamnés à des peines trop légères encore.

J’ai déjà écrit il y a quelques mois que l’échelle des peines en France montre un mépris pour la vie humaine, et je le maintiens. En France, la justice épargne les assassins. Les assassins, eux, n’épargnent pas leurs victimes. La justice est censée prononcer des châtiments à hauteur des crimes commis. Condamner un assassin à quinze ans de prison, ou à moins, n’est pas du tout prononcer un châtiment à hauteur du crime commis, surtout quand l’assassinat a été particulièrement barbare.

L’espoir de la veuve de Philippe Monguillot qu’il n’y ait plus d’assassinat semblable est lui-même un espoir vain. Il y a eu, depuis juillet 2020, plusieurs assassinats atroces. Il y a même eu des assassinat plus atroces et plus barbares encore.

L’assassinat de Samuel Paty, par exemple : trancher au couteau la tête de quelqu’un relève d’une abjection et d’une cruauté innommables. Ce qu’a subi à Paris la petite fille appelée Lola il y a quelques mois, violée et torturée longuement avant d’être tuée, dépasse encore en horreur et en ignominie ce qu’a subi Samuel Paty : je ne peux penser à ce qu’a subi cette petite fille sans être imprégné d’une colère totale et absolue, et le mot barbarie est, là, très insuffisant. Et il y avait eu avant l’assassinat de Philippe Monguillot d’autres assassinats atroces et barbares.

Il y avait même eu deux décapitations avant celle de Samuel Paty : celle d’Hervé Cornara en Isère, et celle du père Hamel en Normandie, perpétrée sur un prêtre en train de dire la messe.

La France est un pays où on ne respecte plus la vie humaine, non.

La France est un pays où les assassins bénéficient de mansuétudes qui leur permettent de récidiver, et même si on me dit que les récidives sont rares, une seule récidive est une récidive de trop.

La France est un pays où la barbarie est désormais installée et est devenue peu ou prou impossible à éradiquer parce qu’il est devenu peu ou prou impossible de fustiger verbalement les barbares, et impossible de les condamner en justice comme ils devraient être condamnés.

L’assassin de Samuel Paty s’est condamné lui-même à mort (il a couru vers la police un pistolet à la main en criant Allahou Akbar, et a fini criblé de balles), l’assassin d’Hervé Cornara aussi (il s’est suicidé en prison), les assassins du père Hamel ont été abattus par la police. La femme qui a violé, torturé et assassiné Lola aura une peine aussi faible que les assassins de Philippe Monguillot.

Et devrais-je parler des assassinats de Sarah Halimi et de Mireille Knoll ? L’assassin de Sarah Halimi est en asile psychiatrique et en semi-liberté. L’assassin de Mireille Knoll passera vingt-deux ans en prison : c’est ce qu’on appelle la “perpétuité” en France. La “perpétuité” pour Yacine Mihoub prendra fin quand il retrouvera la liberté, à l’âge de cinquante ans. Il y a quelque chose de profondément détraqué dans la justice française aujourd’hui.

Tous les assassins que je cite ici, à l’exception de ceux de Philippe Monguillot, dois-je le souligner (c’est en filigrane de ce que j’ai écrit ci-dessus) étaient ou sont musulmans. On me dira que c’est un pur hasard, je sais, et que le dire est “islamophobe”….

On me dira aussi que s’indigner de l’état de la justice en France est odieux et implique d’être d’”extrême droite”. Se résigner, fermer les yeux, lâcher des ballons blancs, déposer des fleurs, est désormais la définition de la “dignité” en France.

Comme le disait à son enfant très inquiet et regardant les bougies déposées place de la République après la tuerie du Bataclan un père imprégné de “dignité” à la française : “Ne t’inquiète, pas. Ils ont des armes, nous, on a des fleurs”.

La plupart des pays d’Europe ont une justice aussi détraquée que la justice française. Cela ne justifie rien. Cela dénote qu’une civilisation glisse lentement vers l‘agonie.

Je vis dans un pays où la peine de mort et la perpétuité réelle existent encore, mais des gens sont à l’œuvre pour que les Etats-Unis s’imprègnent de ”dignité”, et ils font tout leur possible pour que la “dignité” s’installe vite.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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