Publié par Guy Millière le 12 septembre 2023

La guerre déclenchée par le dictateur criminel russe Vladimir Poutine contre l’Ukraine se poursuit. Elle devrait être achevée depuis longtemps.

Les plus grands spécialistes américains pensaient qu’elle serait achevée à la fin du mois d’août de cette année, et je pensais leurs analyses pertinentes. Leurs analyses sous-estimaient la perverse pusillanimité de l’administration Biden, et reposaient sur la certitude que cette dernière finirait par livrer les armes requises pour que l’Ukraine l’emporte. Les armes n’ont pas été livrées.

L’Ukraine ne dispose toujours pas d’ATACMS, et si les Storm Shadows britanniques et les SCALPs français sont utiles et efficaces, ils sont en quantité insuffisante pour faire pleinement la différence.

Qui plus est Storm Shadows et SCALPs doivent être tirés depuis des avions, et l’Ukraine n’a toujours pas reçu de F 16 (elle n’en disposera pas avant, au mieux, décembre 2023), et dispose aujourd’hui de peu d’avions, ce qui l’oblige à agir sans couverture aérienne. Une armée ne mène en général jamais sans couverture aérienne les opérations que l’Ukraine s’efforce de mener, et l’Ukraine doit agir dès lors avec ce qu’elle a, difficilement, très difficilement.

L’administration Biden ayant qui plus est, par les retards et les non-livraisons d’armes qu’elle a imposé à l’Ukraine, donné à la Russie le temps de construire une ligne de défense des territoires ukrainiens qu’elle occupe, et cette ligne de défense est dense et très difficile à franchir. Des centaines de milliers de mines ont été déposées. Déminer le terrain est dangereux et potentiellement coûteux en vies humaines. Les Etats-Unis ont fini par livrer des armes à sous-munitions à l’Ukraine, qui les emploie pour faire exploser à chaque tir des centaines de mines, ce qui est mieux que rien.

En ce contexte, et ce doit être dit, les discours affirmant que l’Ukraine est en « situation d’échec » diffusés par les propagandistes occidentaux au service de Poutine sont délibérément défaitistes et gravement erronés : l’Ukraine ne peut avancer vite, c’est exact et l’armée ukrainienne n’a libéré, au moment où j’écris, que quelques dizaines de kilomètres carrés de terres ukrainiennes, mais l’armée ukrainienne procède à un travail de destruction systématique des bases logistiques, des dépôts d’explosif, et des systèmes d’artillerie russes, et elle avance quand même. Elle inflige des dommages sérieux à l’ennemi russe.

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Elle crée les conditions d’une avancée plus vaste et plus décisive qui se produira tôt ou tard. Elle crée les conditions d’une percée des lignes russes, et les Ukrainiens viennent de créer, en prenant Robotyne, à quatre-vingts kilomètres au sud de Zaporijia, une brèche dans la première ligne de défense russe en direction de la mer d’Azov, et la brèche est suffisamment importante pour que la Russie ait envoyé en renfort, à Tokmak, trente kilomètres au sud de Robotyne, des troupes qui se situaient au nord-est sur le front.

La deuxième attaque sur le pont de Kerch a rendu celui-ci presque totalement inutilisable, et deux ponts reliant l’Ukraine à la Crimée ont été presque totalement détruits, le pont de Tchonhar et le pont de Henichesk, ce qui réduit considérablement les possibilités d’approvisionnement en matériel et en nourriture des troupes russes occupant la Crimée et le sud-ouest de l’Ukraine. Si Tokmak devait être pris, ce serait un revers très grave pour la Russie, et la prise de Tokmak n’est pas impossible.

Ce doit être dit aussi, car les propagandistes occidentaux au service de Poutine mentent aussi sur ce sujet : l’armée ukrainienne ne risque pas inutilement la vie des soldats ukrainiens, à la différence de la dictature criminelle russe, qui utilise ses soldats comme de la chair à canon, et qui n’a aucun respect pour la vie humaine (les tirs de missiles en direction d’habitations et de restaurants en Ukraine le montrent amplement, et les crimes de guerre russe sont innombrables), l’Ukraine respecte la vie. Si elle utilisait ses soldats comme chair à canon, il y aurait peut-être une avancée un peu plus rapide, mais à quel prix ?

Et ce doit être souligné, oui, en outre, car ce n’est jamais souligné en France : en n’ayant pas donné d’ATACMS et de F16 jusqu’à présent (et en commençant seulement maintenant à envoyer des chars Abrams), en ayant donné du temps à la Russie pour construire une ligne de défense, l’administration Biden montre qu’elle ne respecte pas les vies ukrainiennes.

L’un des responsables américains des opérations de livraison a reconnu récemment, de manière froide, que les Ukrainiens n’avaient pas reçu le matériel requis pour avancer, mais résistaient et avançaient quand même, car ils étaient imprégnés de courage et d’opiniâtreté. Difficile d’être plus cynique !

L’armée ukrainienne espère que déminage et destruction systématique de ce qui se trouve présentement détruit, lui permettront de transformer la brèche de Robotyne en percée et d’atteindre la mer d’Azov avant que les pluies et l’approche de l’hiver rendent le terrain boueux et impraticable.

Si cette percée devait avoir lieu, ce que je souhaite et ce que souhaitent tous les amis de la liberté, ce serait une excellente nouvelle, la guerre pourrait s’achever cet automne, malgré tout : l’armée russe commence à manquer d’hommes et de munitions, et la majorité des Russes envoyés au front savent qu’on les utilise comme chair à canon, ce que montrent les propos de déserteurs rejoignant les lignes ukrainiennes. Ils n’ont plus de chef digne de confiance à leur tête, car Poutine a fait des purges parmi les généraux et a éliminé tous ceux en qui il n’a pas une confiance absolue, y compris les plus efficaces parmi eux (les généraux Ivan Popov et Sergei Surovikin) ce qui est un ensemble de signes positifs pour l’Ukraine. S’ajoute l’élimination d’Evgueni Prigogine, un criminel très populaire parmi les partisans russes de la destruction de l’Ukraine.

Si la percée n’a pas lieu, la guerre durera jusqu’en 2024. Ce qui ne signifiera pas pour autant une victoire de la Russie, mais prolongera et accentuera les souffrances du peuple ukrainien.

En ayant privé l’Ukraine d’une victoire rapide, l’administration Biden s’est conduite d’une manière honteuse et criminelle. Elle s’est conduite ainsi parce qu’elle n’a jamais voulu la défaite de la Russie de Poutine, et je l’ai dit plusieurs fois, si Poutine n’avait pas eu une armée défectueuse, l’administration Biden l’aurait laissé gagner.

L’administration Biden déshonore les Etats-Unis sur tous les plans, et elle les déshonore en Ukraine. Elle conduit tous les ennemis de la liberté sur terre, tous les adeptes de la dictature et du crime de guerre, à penser que l’armée russe, qui est fondamentalement une armée du tiers monde, peut mettre en échec la puissance militaire américaine, alors que celle-ci, pleinement mise en action, aurait pu conduire Poutine à la capitulation en quelques jours, deux ou trois semaines tout au plus.

En supplément, et je dois le redire aussi : en freinant l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, l’administration Biden trahit l’Ukraine et le monde occidental. L’Ukraine n’est pas un « pont » comme dit Sarkozy, l’ami corrompu de Poutine : elle est un pays souverain et le peuple ukrainien a le droit d’être libre et de disposer de lui-même.

Il se dit que des pourparlers ont lieu entre l’administration Biden et la Russie pour parvenir à une « solution négociée », destinée à en finir avec la guerre. Si cela se confirme, la trahison de l’Ukraine et du monde occidental sera complète. Poutine ne peut accepter dans les conditions présentes qu’une négociation qui lui permettrait de garder la Crimée et le Donbass, et lui accorder ce qu’il veut serait récompenser ses crimes. Récompenser un criminel l’incite toujours à récidiver.

Je le redis : si la Russie n’est pas vaincue, et si quoi que ce soit lui est accordé, il n’y aura pas de retour à la stabilité en Europe, et toute l’Europe en subira les conséquences et connaitra des difficultés économiques croissantes. La défaite de la Russie n’implique pas d’aller jusqu’à Moscou, comme l’a dit Sarkozy, l’ami corrompu de Poutine. Elle implique juste de repousser l’armée russe hors des frontières de l’Ukraine.

Si la Russie conserve la Crimée et le Donbass, la reconstruction de l’Ukraine sera impossible, et ce sera un signal encourageant envoyé à Xi Jinping, qui se prépare a la guerre pour prendre Taïwan.

L’Ukraine dépend de l’administration Biden, et subit, douloureusement, les décisions prises par celle-ci.

L’administration Biden a porté secours à l’Ukraine agressée, mais avec retard, et d’une telle façon qu’elle n’a pas épargné à l’Ukraine des milliers de morts, dont de nombreux enfants, des terres agricoles dévastées, des villes en ruine, plusieurs centaines de milliards de dégâts, et ces derniers jours, Poutine a infligé des destructions aux silos à grain ukrainiens alentour d’Odessa et décidé de rendre impossible l’exportation de blé et de maïs ukrainiens, ce qui va tuer l’agriculture ukrainienne et faire monter le prix des céréales á l’échelle mondiale, et aura des conséquences désastreuses en Afrique. Poutine a réuni des chefs d’Etat africains à Saint-Pétersbourg, et il a dit que ceux qui se soumettront à la Russie auront du blé russe, les autres pourront crever de faim.

L’administration Biden aurait pu dire que les cargos chargés de blé et de maïs ukrainiens seraient protégés militairement par les Etats-Unis, ce qui aurait anéanti le chantage de Poutine, elle ne l’a pas fait.

Si Trump était resté président, il n’y aurait pas eu de guerre, et si Trump redevenait président immédiatement, je ne suis pas certain que la guerre s’arrêterait en vingt-quatre heures, quand bien même je comprends pourquoi Trump le dit. Mais je pense que Trump ferait à Poutine une offre que celui-ci ne pourrait pas refuser, et qui le contraindrait à arrêter la guerre et à se retirer.

Les ennemis de la liberté et les admirateurs de dictateurs criminels portent leurs fantasmes crapuleux sur Poutine, leur dictateur criminel favori en ce moment (je suis certain que s’il provoque des famines en Afrique, cela les réjouira). Ils imaginent l’armée russe et la Russie plus fortes qu’elles ne sont.

L’armée russe et la Russie ne sont fortes en ce moment que de la faiblesse complice de l’administration Biden. Et la « force » de la Russie est à relativiser nettement : non seulement le produit intérieur brut de la Russie est équivalent a celui de l’Espagne, avec une population trois fois plus nombreuse, ce qui signifie que les habitants de Russie ont, hors de Moscou et de Saint-Pétersbourg, le niveau de vie d’un pays en voie de développement, mais les ventes de gaz et de pétrole russes rapportent bien moins d’argent qu’avant l’agression de l’Ukraine, l’économie russe est en grande difficulté, et le rouble est en train de s’effondrer. Poutine ravage la Russie en même temps qu’il ravage l’Ukraine.

Dans le passé, à chaque fois qu’un président démocrate se comportait de manière honteuse, un président républicain lui succédait et redressait la situation. Il faut espérer que ce sera à nouveau le cas en 2024, sans quoi l’avenir mondial pourrait être très sombre.

Je ne peux terminer sans dire un mot de la réunion de discussion sur la guerre en Ukraine organisée voici peu en Arabie Saoudite par le prince Mohammed Ben Salman. Quarante pays ont été représentés à cette réunion, dont la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. La Russie n’était pas invitée. Le communiqué final a dit que l’Ukraine devait retrouver ses frontières reconnues internationalement. C’est une position que l’administration Biden n’énonce plus depuis des mois, et il est intéressant que la Chine elle-même adhère à cette position. Il est intéressant aussi que tous les pays qui ont participé au récent forum des BRICS (sauf la Russie, bien sûr) adhèrent à cette position. On peut ajouter que lors du G 20 qui vient tout juste de s’achever a New Delhi, la communique final a affirmé son soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Tout comme Poutine n’était pas allé à Johannesburg parce qu’il est un criminel international et risquait d’être arrêté, il n’est pas allé à NewDelhi.

Ce qui est clair est que la Chine, qui entre en récession et connait de graves problèmes économiques, souhaite que la guerre s’arrête, et, sans lâcher Poutine, l’incite a mettre fin à la guerre et a se retirer, et que la Chine adhère à cette position alors que l’administration Biden laisse dire que des pourparlers ont lieu avec la Russie montre que la Chine est désormais plus ferme que l’administration Biden. Cela montre aussi que les pays du Sud ne sont pas derrière Poutine et souhaitent eux aussi que la guerre s’arrête. Et Poutine est bien plus isolé que cela se dit souvent. Il n’a, en fait, que deux alliés, la Corée du Nord et l’Iran des mollahs.

L’Ukraine, elle, n’est pas isolée, même si, à cause du comportement et des décisions de l’administration Biden, le soutien militaire qu’elle reçoit est très insuffisant. Les dirigeants d’Europe occidentale pourraient faire davantage, mais leur demander de faire preuve de courage est sans doute trop leur demander.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

PS. Je vois toujours trainer des commentaires nauséabonds qui accusent l’OTAN d’avoir accepté l’adhésion des pays d’Europe centrale et d’avoir menacé la Russie qui n’aurait fait que « riposter ». Il existe en France une extrême droite admiratrice des dictateurs criminels qui s’abreuve à la désinformation venue du Kremlin et qui, par haine des Etats-Unis, rêve de soumission a Poutine, sans oser rappeler, que Poutine est l’allié de Kim Jong-un, de Xi Jinping et d’Ali Khamenei. Je réponds : tout pays souverain a le droit d’entrer dans l’alliance qu’il choisit, l’OTAN n’a jamais menacé la Russie, c’est Poutine qui a envahi et agressé la Georgie, puis l’Ukraine et non l’inverse, c’est Poutine qui fait commettre des crimes de guerre, c’est à la télévision russe que se tiennent des propos fascistes et exterminationnistes dignes de ceux de Joseph Goebbels sous le Troisième Reich. Que ceux qui admirent Poutine disent aussi qu’ils admirent Joseph Goebbels et qu’il rêvent de vivre dans une dictature criminelle, ils auront au moins des positions cohérentes. Caroline Galacteros, qui fut, hélas, conseillère en politique étrangère d’Eric Zemmour, rentre d’un voyage dans la Syrie de Bachar al Assad et dans l’Iran d’Ali Khamenei, deux régimes qui ont visiblement sa sympathie. Deux régimes imprégnés de haine des Etats-Unis, d’Israël et des Juifs. Cela a le mérite d’être clair.

Vladimir Poutine vient de dire, je cite, que « les conservateurs occidentaux ont mis un juif d’origine à la tête de l’Ukraine pour dissimuler l’essence anti-humaine du pays…. Cela rend la situation extrêmement écœurante : un “juif de souche” dissimule la glorification du nazisme ». L’Ukraine n’est pas anti-humaine par essence et décrire un pays en invoquant son « essence » est monstrueux. L’Ukraine ne glorifie pas le nazisme, et ce propos est abject. Zelensky a été élu par le peuple ukrainien, pas mis en place par les « conservateurs occidentaux ». Le designer comme le juif de service dégage une odeur nauséabonde d’antisémitisme qui ravira tous ceux qui soutiennent Poutine.

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