Cuba a arrêté 17 personnes pour avoir envoyé des jeunes gens combattre pour la Russie en Ukraine.

Les relations traditionnellement chaleureuses avec la Russie n’ont pas empêché les autorités cubaines de sévir contre le recrutement de citoyens cubains dans l’armée russe, en mal de chair à canon, pour participer à la guerre contre l’Ukraine.

Un porte-parole du ministère cubain de l’Intérieur a annoncé jeudi à la télévision d’État l’arrestation de 17 membres d’un réseau criminel qui recrutait des Cubains pour la guerre russe en Ukraine, confirmant un communiqué du ministère des Relations extérieures publié le 5 septembre. Il a souligné que les membres du réseau encouraient des peines sévères allant de 30 ans de prison à la réclusion à perpétuité, voire à la peine de mort, en fonction de la gravité des crimes commis, a rapporté Reuters.

“À la suite des enquêtes, 17 personnes ont été arrêtées jusqu’à présent, dont l’organisateur interne de ces activités”, a déclaré jeudi en fin de journée César Rodriguez, colonel du ministère cubain de l’Intérieur, lors d’une émission télévisée.

Rodriguez n’a pas nommé les personnes accusées d’avoir participé au réseau, mais il a déclaré que le chef du groupe s’appuyait sur deux personnes résidant sur l’île pour recruter des Cubains.

Les recruteurs travaillant pour la Russie ont attiré les Cubains pauvres – tous les Cubains sont pauvres, c’est un régime communiste, mais il y a toujours plus pauvre – avec des salaires élevés et la possibilité d’obtenir la citoyenneté russe “dans le cadre d’une procédure simplifiée”.

Des documents piratés révèlent comment la Russie recrute et gère les mercenaires cubains en Ukraine

24 heures avant la déclaration publique du ministère cubain de l’Intérieur, des hackers activistes connus sous le nom de “Cyber Résistance” et alliés au gouvernement ukrainien ont infiltré le compte email personnel d’un officier russe du district militaire occidental impliqué dans le recrutement de Cubains, le major Anton Valentinovich Perevozchikov.

Les données volées offrent un aperçu rare et inédit de la manière dont la Russie gère sa filière de mercenaires étrangers dans le conflit ukrainien.

Dans les documents piratés, ils ont découvert :

• Environ 122 scans et images de passeports de ressortissants cubains, tous des hommes en âge de combattre,
• Une série de contrats d’enrôlement en espagnol dans une section des forces armées russes dont le siège se trouve dans la ville de Toula, où se trouve une école militaire, et des soldats aéroportés.
• Les contrats sont des modèles, pas des contrats complets, mais ils esquissent les incitations que la Russie offre aux combattants étrangers.

Les contrats promettent :

• Un paiement unique en espèces d’un montant de 195 000 roubles, soit environ 2 000 dollars, aux Cubains qui s’engagent à servir dans la zone de l'”opération militaire spéciale” (euphémisme du Kremlin pour désigner la guerre en Ukraine)
• Des paiements mensuels à partir de “204 000 roubles par mois”, soit un peu plus de 2 000 dollars, en fonction du grade,
• Plusieurs avantages pour les conjoints et les familles.

Poutine et son appareil militaire ont intensifié leurs efforts pour recruter des combattants étrangers

La longue tradition propagandiste soviétique n’a pas disparu avec la chute du mur de Berlin. Le Kremlin a souvent accusé le gouvernement du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy d’engager des mercenaires étrangers alors que la Russie enrôle elle-même des étrangers issus de ses propres pays alliés.

Jusqu’à présent, les contrats militaires officiels russes destinés à des ressortissants étrangers ont surtout été évoqués dans les médias régionaux (comme ceux qui visent les hommes d’origine russe dans les anciennes républiques soviétiques, selon le ministère britannique de la Défense). C’est la première fois qu’ils sont révélés en détail, suite au piratage.

L’année dernière, M. Poutine a signé un décret ouvrant la voie à la citoyenneté russe pour les étrangers qui signent des contrats avec l’armée, dans l’espoir de reconstituer les troupes épuisées grâce à la main-d’œuvre immigrée des pays pauvres de l’ex-Union soviétique. Des tentatives de recrutement de mercenaires étrangers pour la guerre en Ukraine ont été faites en Syrie, en Libye et dans d’autres pays défavorisés où l’armée russe est présente.

Conclusion

La guerre en Ukraine a revigoré l’OTAN et favorisé l’adhésion de deux nouveaux États membres, la Finlande et la Suède – un échec majeur pour Poutine qui affirmait avoir déclenché les hostilités, entre autres motifs, parce qu’il ne voulait pas de l’OTAN à sa porte. Il a obtenu l’inverse.

Mais la guerre a également réveillé d’autres alliances géopolitiques qui font peu l’objet de commentaires médiatiques.

• La Russie et Cuba étaient des alliés stratégiques pendant la guerre froide, lorsque le dirigeant cubain Fidel Castro a envoyé ses troupes participer à la guerre en Angola soutenue par l’Union soviétique.
• Les deux pays ont renforcé leurs liens depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, il y a un an et demi.
• Les dirigeants cubains se sont à maintes reprises rangés du côté de la Russie.
• Ils n’ont pas dénoncé publiquement les actions du Kremlin en Ukraine.

Mais il semble qu’ils aient tracé là leur ligne rouge à ne pas dépasser.

Cuba a déclaré avec force, jeudi, qu’elle ne participe pas à la guerre en Ukraine et qu’elle rejette l’utilisation de ses citoyens comme mercenaire.

“Cuba ne participe pas à la guerre en Ukraine. Elle agit et agira énergiquement contre toute personne qui, depuis le territoire national, participe à toute forme de trafic d’êtres humains à des fins de recrutement ou de mercenariat pour que des citoyens cubains utilisent des armes contre n’importe quel pays”, peut-on lire dans le communiqué.

Anton Valentinovich Perevozchikov a réagi à la divulgation de son compte email piraté. Il n’a pas nié son rôle dans le recrutement des Cubains, bien au contraire, et il a fourni une réponse truffée de jurons et d’insultes dénonçant l’OTAN et déclarant : “La Russie va gagner”.

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