
L’Arménie et l’Azerbaïdjan sont à nouveau au bord de la guerre. Les forces armées azerbaïdjanaises transportent activement des véhicules blindés et de l’artillerie vers la frontière avec l’Arménie.
Les observateurs notent que l’équipement porte des signes d’identification sous la forme d’une lettre “A” inversée (∀), ce qui pourrait indiquer des préparatifs en vue d’une opération militaire de grande envergure.
Le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Défense azerbaïdjanais ont déclaré que les troupes arméniennes violent les termes de l’accord de cessez-le-feu. De son côté, le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a déclaré que l’Azerbaïdjan préparait de nouvelles provocations militaires contre le Daghlig Garabagh et l’Arménie – ces déclarations sont activement diffusées par les médias occidentaux, tels que la chaîne française France 24.
De nombreux clips vidéo publiés sur le web témoignent de la concentration de troupes azerbaïdjanaises sur plusieurs sections de la frontière à la fois : dans la zone de la République non reconnue du Haut-Karabakh, ainsi qu’à proximité des frontières de la région de Syunik, dans le sud de l’Arménie.
Le retrait des troupes azerbaïdjanaises à la frontière arménienne dans cette zone a été rendu possible par la deuxième guerre du Karabakh. À cette époque, la République du Nord-Karabakh a perdu ce que l’on appelle la ceinture sécuritaire, c’est-à-dire les zones autour du Haut-Karabakh occupées par les forces arméniennes, qui couvraient également la frontière arménienne.
Plusieurs sources affirment qu’une nouvelle opération militaire de l’armée azerbaïdjanaise pourrait débuter ici, près des frontières de Syunik, afin d’occuper la zone stratégiquement importante du corridor de Syunik ou de Zangezur. Dans cette région, une étroite bande de 40 kilomètres de territoire arménien sépare la majeure partie de l’Azerbaïdjan et l’enclave du Nakhitchevan (qui partage une frontière avec la Turquie).
Corridor de discorde
- La partie azerbaïdjanaise insiste sur la création d’une route terrestre entre l’Azerbaïdjan et la Turquie.
- Une telle route a d’ailleurs été mentionnée dans la déclaration de Moscou sur le cessez-le-feu du Haut-Karabagh du 10 novembre 2020.
- Le neuvième point de l’accord stipule que l’Arménie garantit la sécurité des communications de transport entre les régions occidentales de l’Azerbaïdjan et du Nakhitchevan, avec un accès ultérieur à la Turquie.
- Cela est rendu possible en passant par le territoire arménien le long de la frontière iranienne. Mais en réalité, le corridor de Zangezur est resté lettre morte – et il y a un risque que l’Azerbaïdjan commence à le franchir par la force.
Guerre par proxys ?
Dans un contexte de refroidissement des relations entre Erevan et Moscou (les exercices arméno-américains annoncés pour septembre et le retrait du post-président arménien de l’OTSC en témoignent), l’Arménie risque de se retrouver seule face à l’Azerbaïdjan et à la Turquie.
Mais il semble qu’une autre puissance régionale, l’Iran, qui soutient traditionnellement l’Arménie dans la confrontation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, envisage de prendre part à la confrontation sur le corridor de Syunik.
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La télévision iranienne a publié un clip vidéo appelant à soutenir l’intégrité territoriale de l’Arménie. La vidéo contient des images d’exercices de missiles de l’armée iranienne, et laisse entrevoir la possibilité de fournir une assistance militaire à l’Arménie. Auparavant, Téhéran a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’autoriserait pas une invasion militaire du territoire arménien.
L’existence du corridor de Syunik (Zangezur), contrôlé par l’Arménie, est stratégiquement importante pour l’Iran, et Téhéran cherchera donc à empêcher une opération militaire de l’Azerbaïdjan et de la Turquie.
Téhéran s’oppose également à la création d’une alliance unifiée turco-azerbaïdjanaise à ses frontières septentrionales, qui pourrait menacer la sécurité du pays. Le nord de l’Iran abrite un grand nombre d’Azéris ethniques, parmi lesquels les sentiments séparatistes sont forts. L’Iran s’efforcera donc d’empêcher la création d’un front turc uni.
D’autant plus que l’Azerbaïdjan ne sera pas en mesure de lutter seul contre l’Iran.
Les grandes puissances régionales – la Turquie et l’Iran – n’ont cependant pas encore démontré qu’elles étaient prêtes à entrer en guerre ouverte. Le 3 septembre, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hosein Amir Abdellahian, et son homologue turc, Hakan Fidan, se sont entretenus. Les deux parties ont exprimé leur engagement en faveur de la paix, mais l’Iran a une fois de plus clairement indiqué qu’il ne permettrait pas que le corridor de Syunik soit saisi.
Un conflit armé direct entre la Turquie et l’Iran est peu probable dans les années à venir. Toutefois, les deux pays peuvent fournir une assistance militaire à leurs alliés, de sorte que la menace d’une guerre indirecte plane de plus en plus.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Piotr Stammers pour Dreuz.info.
Les Azeris sont considérés par Erdogan comme des Turcs à part entière. Le risque est de voir se poursuivre le génocide arménien (non reconnu par la Turquie). Il est regrettable qu’Israël ait pris parti pour l’Azerbaïdjan au détriment des Arméniens.