L’ONU est devenu un club de dictatures et de satrapies essentiellement délétère, et son Secrétaire Général, le socialiste portugais Antonio Guterres a prononcé voici peu une diatribe odieuse, anti-israélienne et antisémite. Il n’y a rien à attendre de cette institution ubuesque qui ne dit pas du tout le “droit international”, mais je note néanmoins deux motions récentes qui ont, quelques instants (pas davantage), retenu mon attention.

La Russie de Poutine a présenté au Conseil de sécurité une motion exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Cette exigence avait pour but de protéger le Hamas après les crimes génocidaires qu’il a perpétré en Israël. La motion a été rejetée par les pays occidentaux, qui n’ont plus guère de valeurs éthiques, mais gardent en eux un sentiment de honte face à ce qui est absolument immonde. Une deuxième motion, condamnant le Hamas pour ses crimes, a été présentée un peu plus tard, au Conseil de sécurité encore. La Chine communiste a opposé son véto, ce qui aurait été suffisant pour bloquer la motion. La Russie aurait pu s’abstenir. Elle ne s’est pas abstenue. Elle a opposé son véto elle aussi. Ce n’est pas étonnant.    

La Russie est l’alliée de la Chine et de l’Iran des mollahs. La Chine est elle-même l’alliée du régime des mollahs qui finance et arme le Hamas, et elle est donc complice du Hamas. La Russie, en étant l’alliée de la Chine et de l’Iran des mollahs, est elle-même complice des dirigeants du Hamas, qui étaient ces derniers jours au Kremlin, où ils s’étaient déjà rendu deux fois au cours des mois précédents.    

Et quiconque douterait que la Russie est aujourd’hui un ennemi d’Israël n’aurait qu’à regarder la télévision officielle russe pour s’en convaincre.    

Les propos anti-israéliens y étaient assez fréquents avant le 7 octobre. Depuis le 7 octobre, les diatribes anti-ukrainiennes dignes de ce que pouvait dire Joseph Goebbels sur les Juifs au temps du Troisième Reich et les propos haineux envers “l’Occident décadent” sont en recul. Les propos anti-israéliens, eux, sont très présents.

Dois-je le rappeler ? J’ai condamné très vivement, ces deux dernières années, ceux qui prétendaient soutenir Israël et qui en parallèle tressaient les louanges de Vladimir Poutine tout en affichant leur haine de l’Ukraine en général, pays dont ils ignoraient tout avant que Poutine décide de l’envahir, et leur haine de Volodymyr Zelensky en particulier, un homme dont ils ignoraient tout avant l’invasion de l’Ukraine.

J’ai tenté de leur expliquer que soutenir Israël, une démocratie, et soutenir Vladimir Poutine, un dictateur criminel, était radicalement incompatible, et je l’ai fait en vain.

Le moment est propice pour que j’y revienne.

Vladimir Poutine est un ancien membre du KGB, et il a la nostalgie de l’empire soviétique. C’est un admirateur de Staline, criminel contre l’humanité soviétique, qu’il a réhabilité et ne cesse de glorifier. C’est aussi fondamentalement un disciple d’Alexandre Douguine, un intellectuel russe antisémite et anti-occidental qui a élaboré une théorie “euranianiste” inspirée par les théories du géographe britannique Halford John Mackinder, qui disait que “qui tient l’ile monde, l’Eurasie, tient le monde”. Et Douguine prône la nécessité d’une Eurasie triomphant du monde atlantique dominé par les Etats-Unis d’Amérique. Cette Eurasie devant bien sûr être sous régime autoritaire, car la démocratie est “atlantique”. Les idées de Douguine ne sont pas incompatibles avec le soviétisme : les Etats-Unis ont toujours été l’ennemi principal de l’Union Soviétique, et l’Union Soviétique a constitué son empire en asservissant surtout des pays de l’Eurasie. Elle était totalitaire. Un régime autoritaire tel celui prôné par Douguine, a bien plus de proximités avec un régime totalitaire qu’avec une démocratie “atlantique”.

Dans le cadre de cette vision du monde soviétique et eurasaniste, Poutine s’est fait l’allié de la Chine totalitaire et ennemie de l’Occident dès le début des années 2000. Il s’est tout aussi rapidement fait l’allié du régime des mollahs, à qui il a fourni tous les moyens requis pour avancer vers l’arme nucléaire. Le régime des mollahs est totalitaire et ennemi de l’Occident lui aussi.

Poutine s’est aussi fait l’allié de nombreux mouvements d’extrême droite en Europe occidentale, les a financés, et a financé leurs actions de propagande. Il a compté sur l’anti-américanisme des extrêmes droites européennes qui, le plus souvent, sont non seulement anti-américaines, mais aussi anti-démocratiques et anticapitalistes, et imprégnées de tentations autoritaires.

Pour les séduire, il s’est présenté comme un défenseur de la chrétienté, et comme un ennemi de la décadence occidentale incarnée par le mouvement woke.  Il a asservi l’église orthodoxe russe à son régime et a acheté la complicité du patriarche Kirill, qui a cautionné les crimes de guerre innombrables commis sur ses ordres à lui, Poutine. Tout en réhabilitant et glorifiant Staline, Poutine a aussi dit son admiration pour Pierre le Grand, que Douguine admire lui aussi, et tout en rêvant de rétablir l’empire soviétique, Poutine a aussi rêvé de rétablir l’empire russe.

Son discours depuis une dizaine d’années est un mixte d’éléments de langage venant des temps soviétiques, et d’éléments de langage empruntés à Douguine.

Dans ce cadre, Poutine n’a rien fait pour intégrer l’économie russe au capitalisme mondial : il est fondamentalement anticapitaliste. Il n’a pas créé les conditions permettant à la Russie de recevoir des investissements occidentaux. Il a constitué une néo-nomenklatura qui tient économiquement le pays et qu’il laisse s’enrichir à condition qu’elle lui obéisse et lui donne tous les moyens financiers qu’il exige. La nomenklatura soviétique fonctionnait déjà ainsi : la différence est que les membres de la néo-nomenklatura n’ont pas à rester en Russie et peuvent mener une vie de milliardaires sur la planète entière. Ils ont deux obligations seulement : obéir, et donner de l’argent à Poutine. Ils en ont dès lors une troisième : ne jamais s’opposer à Poutine, sans quoi ils risquent la mort, et la mort, le cas échéant, se concrétise vite et peut survenir partout sur terre. Etant anticapitaliste, Poutine fait vivre l’économie russe sur un seul secteur :  l’exportation de matières premières, le pétrole, le gaz, et le blé. Et il y a une raison à cela : la vente de matières premières est un moyen de placer des pays en dépendance. L’Allemagne ainsi est devenue très dépendante du gaz russe. Les pays d’Afrique et du Proche-Orient sont devenus dépendants du blé russe. Poutine pensait l’Allemagne soumise : l’Allemagne s’est opposée à Poutine et elle en souffre. Les pays d’Afrique restent soumis.

Poutine voulant reconstituer l’empire soviétique et l’empire russe, il a consacré des moyens très importants à financer l’armée russe. Et quand des pays qui ont fait partie de la sphère soviétique ont voulu devenir des démocraties occidentales et se rapprocher de l’Occident, il les a envahis militairement. Ce fut le cas de la Géorgie en 2009, et deux provinces de la Géorgie sont toujours sous occupation russe. Ce fut le cas de l’Ukraine en 2014, et Poutine s’est emparé de la Crimée et a créé deux pseudo-républiques dans le Donbass ukrainien, avant de passer huit ans plus tard à l’étape suivante, la guerre actuelle. Poutine pensait disposer d’une armée plus forte que celle dont il disposait en réalité : le PIB de la Russie est, faute d’ouverture au capitalisme mondial, celui d’une petite puissance, et l’armée russe est l’armée d’une petite puissance. Elle dispose de vestiges des temps soviétiques, les armes nucléaires. Elle n’est pas à une hauteur suffisante pour l’emporter contre l’OTAN, et si la guerre en Ukraine ne s’est pas achevée par une défaite rapide de la Russie, c’est parce que Joe Biden est à la Maison Blanche et ne veut pas d’une défaite de la Russie, je l’ai expliqué. L’administration Biden ne veut pas non plus d’une défaite de l’Ukraine. Elle veut un statu quo et un enlisement. J’ai déjà expliqué pourquoi aussi.

Poutine a consacré des moyens importants à la propagande et s’est doté d’agents d’influence chargés de désinformer au sein du monde occidental. Et je vois circuler abondamment des éléments de propagande venant directement du FSB, nouveau nom du KGB, que certains Occidentaux gobent goulument, comme les crapauds gobent les mouches.

Un exemple : “Poutine voulait que la Russie entre dans l’OTAN et l’OTAN a refusé”. C’est faux : les pays de l’OTAN ont dit que l’appartenance à l’OTAN était incompatible avec une alliance politique et militaire avec la Chine communiste et avec l’Iran des mollahs. Poutine a choisi la Chine communiste et l’Iran des mollahs.

Un autre exemple : “en 2014, il y a eu un coup d’Etat financé par les Etats-Unis en Ukraine”. C’est faux là encore : il y a en Ukraine depuis la chute de l’Union Soviétique un désir de se rapprocher du monde occidental et de sortir de l’orbite russe, comme en sont sortis les pays baltes et les pays d’Europe centrale. Les Ukrainiens ont voté pour des présidents promettant ce rapprochement. Et cela a été le cas de Viktor Fedorovytch Ianoukovytch, qui avait promis aux Ukrainiens de se rapprocher de l’Europe et de l’OTAN. Ianoukovytch a trahi sa promesse. Un soulèvement populaire s’est produit. Le parlement ukrainien a destitué Ianoukovytch, qui est parti en Russie. C’était un agent russe. Des élections ont eu lieu et porté au pouvoir un président pro-occidental, Petro Porochenko.  Le National endowment for Democracy a aidé les Ukrainiens pendant le soulèvement de Maidan. Il a été créé par Ronald Reagan pour jouer ce rôle. Il n’y a eu aucun coup d’Etat. Petro Porochenko a été élu démocratiquement. Volodymyr Zelensky a été élu démocratiquement lui aussi.

Les propos tenus par les défenseurs de Poutine sur le Donbass sont faux eux aussi. Les deux pseudo-républiques sécessionnistes sont entrées en guerre contre l’armée ukrainienne, et il y a eu une guerre, enclenchée en 2014. Si une dictature étrangère s’emparait d’un fragment du territoire français et entrait en guerre contre l’armée française, il ne fait aucun doute que l’armée française agirait, et ce serait son rôle : une armée défend le pays dont elle est l’armée et doit combattre toute sécession. Les accords de Minsk dont on ne cesse de parler ont été soutirés à l’Ukraine par l’Allemagne et la France dans un moment ou l’Ukraine était en état de faiblesse, et ils étaient inacceptables. Aucun pays souverain ne peut accepter d’abandonner une part de sa souveraineté alors qu’une partie de son territoire est sous occupation de forces ennemies qui exigent cet abandon. L’Allemagne et la France se sont couchées devant le dictateur russe, sous l’impulsion de Merkel.

Les propos tenus sur le bataillon Azov sont odieusement faux : je l’ai expliqué en détail dans des articles précédents. La propagande anti-Zelensky a parfaitement fonctionné, et la haine anti-Zelensky que j’ai vu circuler fait partie des choses les plus nauséabondes que j’ai vu circuler ces derniers mois. 

Volodymyr Zelensky a été élu démocratiquement. Il a déclaré en arrivant au pouvoir que l’homme politique qu’il admirait le plus était Ronald Reagan. Il a fait ériger un monument en mémoire des victimes de la Shoah par balles, à Babyn Yar, et ce monument est une grande Menorah, et il fait organiser une grande cérémonie tous les ans devant la grande Menorah, le jour de Mémoire de la Shoah. Il y participe en compagnie de rabbins ukrainiens car iI est juif, et les Juifs qui insultent Volodymyr Zelensky devraient avoir honte et se souvenir un peu des enseignements de la Torah. J’ai eu l’occasion plusieurs fois de découvrir que moi qui ne suis pas juif (et je ne peux me convertir, je suis agnostique) mais qui a toujours été guidé par les enseignements de la Torah, je connais ces enseignements mieux qu’eux. Il contribue à ce que le pèlerinage juif annuel sur la tombe du rabbin Nahman de Bratslav à Ouman se passe bien. Et le pèlerinage continue, malgré la guerre d’agression russe.

La Russie a signé en 1994 le Mémorandum de Budapest par lequel elle s’engageait à respecter les frontières de l’Ukraine et c’est dans ce cadre que l’Ukraine s’est dépossédée de ses armes nucléaires. Poutine a violé et piétiné le Mémorandum de Budapest, ce qui montre que nul ne peut lui faire confiance.  Il ne connait que les rapports de force.

Soutenir l’Ukraine face à l’agression russe est un devoir éthique pour toutes les démocraties du monde, et pour tous ceux qui sont attachés à la démocratie et au respect des droits de l’être humain, tout comme défendre Israël face au terrorisme islamique, face à l’Iran des mollahs allié de la Russie, face au Hamas, face au Hezbollah est un devoir éthique pour toutes les démocraties du monde et pour tous ceux qui sont attachés à la démocratie et au respect des droits de l’être humain. Poutine doit être vaincu. En dehors des Etats-Unis, aucun pays n’a les moyens de soutenir l’Ukraine de façon décisive. Le Hamas doit être écrasé, et en dehors des Etats-Unis aucun pays n’a les moyens de soutenir Israël de manière décisive. L’administration Biden soutient hélas la Russie en même temps que l’Ukraine en ayant donné des milliards à l’Iran des mollahs qui aide la Russie, et l’administration Biden soutient le Hamas en même temps qu’Israël en ayant donné des milliards à l’Iran des mollahs qui aide le Hamas.

Binyamin Netanyahou a passé un pacte avec le diable en nouant des liens tactiques avec Poutine, et des Juifs israéliens ont voulu imaginer que Poutine soutenait Israël. Ils ont vu que Poutine laissait Israël agir parfois contre le Hezbollah et les Gardiens de la révolution iraniens en Syrie, et ils ont vu l’arbre qui cache la forêt, mais pas la forêt : le soutien de Poutine au nucléaire militaire iranien.

Poutine voulait, en fait, garder l’ascendant sur le régime Assad en Syrie, et les actions militaires israéliennes en Syrie l’arrangeaient. Elles affaiblissaient la présence iranienne en Syrie sans que Poutine puisse être directement incriminé par les mollahs.  Le pacte avec le diable a été utile à Israël. Il est révolu maintenant que le diable a montré ce qu’il n’a cessé d’être. Je ne pense pas que Binyamin Netanyahou ait jamais eu beaucoup d’illusions sur Poutine.

J’attends de voir les explications de ceux qui ont soutenu les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité de Poutine tout en disant qu’ils soutenaient Israël face au régime des mollahs, l’allié de Poutine, et face au Hamas et au Hezbollah, que l’allié de Poutine finance et arme.

Je connais leurs talents de contorsionnistes et de menteurs. Le FSB doit fabriquer en ce moment leurs prochains mensonges et leur expliquer comment ils doivent se contorsionner. J’ai vu que certains incriminaient le Qatar pour ne pas incriminer l’Iran. D’autres disent que les dirigeants du Hamas étaient au Kremlin pour rencontrer des balayeurs, peut-être pour rencontrer Sergei Lavrov et prendre un café avec lui, juste un café, et ajoutaient que les dirigeants du Hamas n’ont jamais rencontré Poutine.  J’attends la suite. Ils vont sans doute me dire que la prochaine fois où ils prendront l’avion depuis le Qatar et feront un trajet de 5000 kilomètres, ce sera pour changer une ampoule grillée au Kremlin. Bien sûr…

La réalité est qu’une alliance anti-démocratique et anti-occidentale existe et est à l’œuvre. Un axe du mal relie la Chine communiste, la Russie poutinienne, le régime iranien des mollahs et ses appendices, Hamas, Hezbollah. On peut ajouter à la liste la Corée du Nord, Cuba, le Venezuela.

Face à l’axe du mal, les Etats-Unis pour l’heure sont défaillants, au vu de la façon dont ils aident l’Ukraine et Israël. Il reste à souhaiter l’élimination de l’administration Biden et le retour de Donald Trump. Vite.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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