Publié par Jean-Patrick Grumberg le 26 octobre 2023

En visite en Israël ce mardi 24 octobre, le président français Emmanuel Macron a dit souhaiter que la coalition internationale qui a vu le jour pour lutter contre l’État islamique “puisse lutter aussi contre le Hamas”.

Il n’était pas encore rentré en France que l’Elysée faisait marche arrière, et déclarait : “L’objectif est de s’inspirer de l’expérience de la coalition internationale contre ISIS et de vérifier quels aspects peuvent également être mis en œuvre contre le Hamas”. Le bureau du président ajoutait, dans son communiqué, publié presque immédiatement après les propos du président : “Nous sommes prêts à réfléchir, avec nos partenaires et avec Israël, à des modes d’action pertinents contre le Hamas. »

Surtout, le communiqué insistait sur le rôle non combattant de la coalition.

“La coalition internationale contre ISIS ne se limite pas aux actions sur le terrain, mais comprend également la formation des forces irakiennes, le partage d’informations entre les partenaires et la lutte contre le financement du terrorisme. »

À l’issue de sa rencontre bilatérale avec le Premier ministre israélien, le chef de l’État français a assuré la population israélienne de « la solidarité » et « l’émotion » de la France, estimant qu’avec 30 morts français et 1 400 innocents israéliens massacrés par le Hamas, l’attaque constituait “une page noire de notre propre histoire”. Il a également confirmé que neuf personnes possédant la nationalité française sont toujours retenues en otages par la Hamas.

Coalition internationale contre Daesh depuis 2014

La coopération internationale qu’Emmanuel Macron appelle de ses voeux serait formée sur le même modèle que celle qui mène actuellement l’opération internationale Inherent Resolve (« détermination intrinsèque », en français), au Moyen-Orient. Elle a été formée en 2014, et elle réunit 80 pays qui luttent – très mal si l’on songe que Donald Trump a nettoyé le groupe terroriste en moins de 6 mois lorsqu’il était président – contre Daesh.

Elle prend, pour la France, la forme de l’opération Chammal, qui apporte notamment « un soutien militaire aux forces irakiennes engagées dans la lutte contre Daech », indique le ministère des Armées sur son site.

Le président a-t-il dépassé la volonté de son gouvernement, ou connaît-il mal ses dossiers ?

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L’Elysée, pour contredire le président, affirme que la coalition est « non-combattante ».

Cependant, un examen rapide montre qu’il s’agit d’une désinformation.

Sur place, des avions de chasse Rafale (jusqu’à il y a peu, des Mirage 2000 étaient également présents) bombardent les positions de l’État islamique dans la région et des équipes de renseignement fournissent des informations aux autorités irakiennes.

Spécifiquement, la France a été engagée dans :

  1. Des frappes aériennes : Les forces militaires françaises ont mené des frappes aériennes contre des cibles d’ISIS en Irak et en Syrie. Ces frappes aériennes visaient à dégrader et à détruire l’infrastructure du groupe terroriste, y compris ses centres de commandement et de contrôle, ses caches d’armes et ses camps d’entraînement.
  2. La France a mené des opérations spéciales : Des unités des forces spéciales françaises ont été déployées pour mener des raids et d’autres opérations de combat contre des cibles de grande valeur d’ISIS, telles que des dirigeants et des agents clés.
  3. Soutien de l’artillerie : La France et d’autres membres de la coalition ont utilisé l’artillerie et d’autres armes lourdes pour soutenir les forces locales au sol dans leurs efforts pour reprendre des territoires à ISIS.

Et il est exact que la France, comme d’autres membres de la coalition, a également fourni une formation et un soutien consultatif aux forces locales en Irak et en Syrie. Cette assistance aide ces forces dans leurs efforts pour combattre ISIS sur le terrain.

Bon ou mauvais pour Israël ?

Pour Israël, l’implication française dans une coalition internationale de type Inherent Resolve aurait un premier avantage diplomatique : pas de condamnations internationales chaque fois qu’un Arabe est éliminé. Mais pour des frappes aériennes, ou la mobilisation de la flotte française en Méditerranée et à Abou Dabi, ou encore les moyens aériens et de renseignements stationnés en Jordanie, Israël n’a pas besoin d’une coalition étrangère.

A la vérité, une telle coalition pourrait s’avérer être plus une force de blocage des actions d’Israël, empêchant l’Etat juif de frapper les nazislamistes, en gaspillant de précieuses informations de ses services de renseignement.

Reste à voir si d’autres pays phares de cette coalition internationale, à commencer par les États-Unis, voudront participer à une nouvelle coalition du même type pour lutter contre le Hamas, sachant que la Russie, et peut-être la Chine, se positionneront du côté de l’Iran.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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