Publié par Eduardo Mackenzie le 16 novembre 2023

Les manifestations contre l’antisémitisme du 12 novembre à Paris et dans huit autres villes françaises ont été un véritable succès.

Malgré deux ou trois détails négatifs d’inégale importance : le président Emmanuel Macron n’a pas participé à la marche (il a affirmé qu’il y participerait « spirituellement »). L’archevêque de Paris et les musulmans modérés n’ont pas défilé, ce que déplore la communauté juive qui a besoin de tout le soutien moral et politique de la France après l’horrible pogrom du 7 octobre en Israël.

L’autre point est que les représentants de la Grande Mosquée de Paris, qui prétendent qu’il existe un mur entre les terroristes islamistes et les musulmans, n’étaient pas présents à la marche qui dénonçait l’antisémitisme. Pire, un imam de cette mosquée, Abdelali Mamoun, a nié la véracité des 1 518 incidents antisémites (graffiti, insultes, menaces, violences) commis en France et officiellement documentés (il y a déjà 571 arrestations) depuis le 7 octobre dernier, et a conclu que l’antisémitisme « est un jeu », ce qui a déclenché une vague de protestations. La France abrite le plus grand nombre de musulmans d’Europe.

Le troisième point est que le calcul arithmétique de ceux qui ont défilé dimanche semble incomplet. La préfecture de Paris parle de 105 000 manifestants (182 000 dans toute la France), alors que le double serait un chiffre plus proche de la réalité. A ce jour, les médias ne diffusent pas de photographies aériennes de la manifestation.

La foule qui a défilé de l’esplanade des Invalides à la place Edmond Rostand était immense. Le ministère de l’Intérieur a mobilisé 3 000 policiers et n’a enregistré aucun incident. Par leur marche calme mais combative, les Parisiens ont affiché leur soutien au peuple juif et à Israël et ont montré leurs muscles à la cinquième colonne, à l’antisémitisme diffus mais meurtrier qui avance et ronge la société. De « l’antisémitisme d’atmosphère », selon la définition de l’essayiste Gilles Kepel, la France a passé à subir d’horribles attentats islamistes (massacre d’enfants dans une école juive de Toulouse en 2012, massacre de jeunes lors d’un concert au Bataclan en 2015, tuerie des rédacteurs du Charlie Hebdo en 2015, attentat contre un supermarché casher en 2015, massacre de Nice en 2016, attentat en 2020 contre une église à Nice qui a fait trois morts, dont une femme décapitée, parmi autres meurtres de juifs, de prêtres, d’enseignants, de policiers et de militaires).

Les Juifs et la population en général vivent dans l’angoisse. Ils peuvent être attaqués physiquement et moralement. Une « influenceuse » a osé se moquer du bébé juif assassiné et brûlé dans un four par les bêtes immondes du Hamas le 7 octobre dernier. Elle doit répondre devant un juge dans les prochains jours. Dans le métro parisien, des mineurs ont crié en chœur qu’ils étaient « fiers d’être nazis ». En France vit la plus grande communauté juive d’Europe (un demi-million de personnes).

Un cas à part est celui de Jean-Luc Mélenchon et de son parti pro-islamiste LFI (La France Insoumise) qui ont reçu, avec la manifestation de dimanche, un véritable camouflet. Mélenchon, leader de l’extrême gauche, avait semé la veille peur et confusion en affirmant qu’il s’agissait de « la manifestation des amis des massacres ». Rien de moins. Fabien Roussel, chef du PCF, a également semé la division et a tenté d’empêcher le parti de droite RN, de Marine Le Pen (13 millions d’électeurs) et celui d’Eric Zemmour, de défiler le dimanche. Cependant, ces partis ont participé à la marche et ont été applaudis par les manifestants. Alors que trois « dirigeants » écologistes, socialistes et communistes, intraitables ennemis d’Israël, ont été hués par les manifestants. Des personnalités de la communauté juive, comme Serge Klarsfeld et Yonatan Arfi, n’ont pas contesté la présence du RN et ont souligné que ce qui comptait était « la mobilisation des Français » et que face à l’antisémitisme « le pire pour les Juifs, c’est de se sentir seuls ».

La rhétorique de Mélenchon, virulente et colérique, conforte l’islamisme politique pour en obtenir un soutien électoral. L’absence de jeunes de gauche et d’immigrés afro-musulmans dans la manifestation a prouvé que LFI fait partie du problème. Dans le même temps, ces positions ont aggravé la crise interne de ce courant extrémiste. Personne n’a été surpris lorsque le philosophe Alain Finkielkraut a accusé LFI d’être un « parti islamiste », une définition appuyée par William Attal, frère de Sarah Halimi, médecin juive à la retraite de 65 ans, assassinée à Paris le 4 avril 2017 par son voisin musulman de 27 ans, Kobili Traoré (1). Lors d’un entretien sur la manifestation, William Attal a déclaré que LFI est « le parti le plus antisémite d’Europe ». Finkielkraut a conclu : « David Guiraud, Louis Boyard, Danièle Obono, Mathilde Panot, voilà les antisémites d’aujourd’hui, sous la direction éclairée de Jean-Luc Mélenchon. »

Pour les Colombiens, cette information n’est pas superflue : Jean-Luc Mélenchon et LFI sont les principaux soutiens dont dispose en France le président Gustavo Petro. Le déni de Petro par rapport aux événements du 7 octobre en Israël s’inscrit dans le cadre d’une articulation internationale. La Colombie ne peut rester indifférente aux souffrances du peuple juif ni tolérer les atrocités du Hamas en Israël ni les attitudes absurdes de Petro. Être favorable à la création d’un État palestinien proposant la paix avec Israël est une chose, une autre est de soutenir le Hamas en le présentant comme une victime d’Israël et en affirmant que les Juifs sont les nouveaux nazis. Et en oubliant que le Hamas est une armée terroriste qui cherche la destruction d’Israël et l’extermination du peuple juif.

Les questions qui circulent aujourd’hui en France sont nombreuses. Les manifestations du 12 novembre marqueront-elles un tournant positif dans l’attitude hésitante des autorités ? Les médias oseront-ils diffuser les images complètes de ce qui s’est passé le 7 octobre en Israël ? Vont-ils reconnaitre que cette attaque monstrueuse justifie la guerre défensive qu’Israël mène aujourd’hui contre le Hamas ? Les juges condamneront-ils sévèrement les crimes et les propos antisémites ? L’appareil scolaire remplira-t-il son devoir d’enseigner l’histoire de France sans censure et de sensibiliser la jeunesse aux valeurs démocratiques et à l’antisémitisme désastreux qui a conduit à l’extermination de six millions de Juifs européens par Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale ?

© Eduardo Mackenzie (@eduardomackenz1) pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

  1. La justice a échoué à deux reprises dans la mort atroce du Dr Halimi : le tribunal a nié le caractère antisémite de cet assassinat et a accepté la thèse de l’irresponsabilité pénale de Kobili Traoré. Celui-ci a été laissé libre. Selon le tribunal, l’acte homicide était dû à un « accès délirant aigu », qui aurait « aboli le discernement » de l’agresseur. Cette décision judiciaire aberrante a déclenché un scandale majeur en France et en Israël, avec des protestations et des poursuites judiciaires jusqu’à ce jour. ↩︎

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